Intervention de Arnaud Anselin

Réunion du mercredi 19 mai 2021 à 15h00
Commission d'enquête sur la lutte contre l'orpaillage illégal en guyane

Arnaud Anselin, directeur adjoint du Parc amazonien de Guyane :

Nos outils nous permettent de savoir où se trouvent les chantiers. Des améliorations sont possibles, mais nous possédons une idée assez claire de l'emplacement des sites illégaux.

Nous sommes persuadés de la plus-value des agents locaux. Beaucoup de nos inspecteurs de l'environnement sont amérindiens, Bushinengué ou métropolitains habitant en Guyane depuis longtemps. La plus-value est claire. Le fonctionnement interne des forces armées et de la gendarmerie comprend en revanche des rotations fréquentes. Si davantage d'agents locaux étaient mobilisés sur ces questions, nous bénéficierions d'une plus-value sur la connaissance du territoire, mais aussi d'une implication accrue des jeunes du territoire. Une réserve opérationnelle amazonienne est d'ailleurs en train d'être mise en œuvre, sous le copilotage de la gendarmerie et de la préfecture. Elle comprendra des jeunes qui seront formés.

Nous voulons être en mesure d'offrir des perspectives réellement intéressantes aux jeunes qui intégreront le dispositif, tant sur le plan financier que sur le plan de la formation et des perspectives de carrière. Il serait pertinent de pouvoir compter sur des cadres opérationnels qui restent dans les territoires et qui contribuent à la passation de consignes.

Ceux qui vendent du matériel d'orpaillage travaillent sur un marché lucratif. Le blocage de la logistique est donc essentiel. La destruction du matériel sur les sites clandestins est insuffisante et elle alimente même la filière. Des entraves logistiques et le démantèlement réel des bases logistiques sont importants.

Le contexte actuel est favorable, car le nouveau gouvernement du Suriname est coopératif. La signature récente d'un accord sur la frontière est intéressante. Nous pourrions proposer un véritable partenariat de gestion du bassin du Maroni qui dépasserait la question de l'orpaillage. La question des déchets mériterait par exemple d'être discutée. Nous pourrions demander au Suriname d'être plus stricts au sujet des comptoirs logistiques en imposant de ne vendre du matériel qu'aux personnes titulaires d'une autorisation d'exploitation minière.

Au Brésil, la situation est paradoxale. Le fleuve Oyapock marque la frontière. Il est entouré de part et d'autre par un parc national. Or, sur la berge brésilienne, en plein parc national, le village d'Ilhabela est exclusivement destiné à l'approvisionnement logistique de l'orpaillage illégal. Nous devons absolument parvenir à obtenir le démantèlement de ce genre d'implantations.

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