Intervention de Rémi Girault

Réunion du mercredi 19 mai 2021 à 16h30
Commission d'enquête sur la lutte contre l'orpaillage illégal en guyane

Rémi Girault, président de Guyane Nature Environnement :

Bonjour. Nous ne sommes pas d'accord avec le fait que la lutte contre l'orpaillage illégal serait un combat perdu d'avance et que l'augmentation du cours de l'or conduirait nécessairement à la hausse de l'orpaillage illégal. En 2016, alors que le cours de l'or était élevé, l'activité illégale d'orpaillage a baissé en raison d'une coopération franco-brésilienne. Les efforts diplomatiques sont absolument nécessaires pour rendre efficace la lutte contre l'orpaillage illégal. Dans les États d'où proviennent les orpailleurs, les populations n'ont jamais entendu parler de l'opération Harpie. Une communication serait donc aidante.

Sur le terrain, nous pourrions contrôler les bases arrière. Ainsi, PK6 est un lieu connu pour être une base arrière de l'orpaillage clandestin. De même, le contrôle du carburant peut être pertinent. Sur l'Oyapock, une seule station-service existe du côté brésilien : elle alimente une grande partie des activités illégales. Un contrôle de cette seule station-service permettrait de limiter l'orpaillage illégal. Du côté du Suriname, ce serait certainement plus compliqué. Une coopération a été récemment initiée avec le Suriname, mais elle mériterait d'être approfondie.

L'orpaillage légal et l'orpaillage illégal n'entretiennent pas de corrélation directe, comme le souligne le rapport 2018 du WWF. Ainsi, pour la crique Nelson, un permis a été accordé il y a deux ans. Il s'agissait d'un site intact dans le bassin du Kourou. Depuis l'ouverture du site légal, trois sites illégaux se sont installés à moins de 5 km. L'observatoire des activités minières montre que 10 % à 20 % des surfaces exploitées par les opérateurs illégaux se trouvent dans un rayon de 5 km des sites légaux. L'activité légale ne fait donc pas fuir l'activité illégale. Le contraire est même plutôt vrai. Les impacts des orpailleurs légaux et illégaux sont davantage cumulatifs que substitutifs. Quand nous installons des légaux à la place des illégaux, ces derniers s'éloignent un peu.

Il y a quelques années, nous exprimions des doutes sur la proximité entre l'orpaillage légal et l'orpaillage illégal. Au début des années 2010, un commandant de gendarmerie de Kourou expliquait que la distinction entre les deux était difficile. À cette époque, Gauthier Horth, président de la fédération des opérateurs miniers de Guyane, avait prospecté illégalement sur d'anciens sites illégaux du secteur de grande usine. Il a été mis en examen pour exploitation minière illégale, blanchiment d'argent, exécution de travail dissimulé, blanchiment de fraudes fiscales et abus de biens sociaux.

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