Intervention de Alexis Lopes

Réunion du mercredi 30 juin 2021 à 15h00
Commission d'enquête sur la lutte contre l'orpaillage illégal en guyane

Alexis Lopes, directeur régional des douanes de Guyane :

Votre question est tout à fait légitime, et elle s'est toujours été posée.

Il faut rappeler que la superficie de la Guyane représente un sixième de celle de la métropole, avec 750 kilomètres de fleuve frontalier avec le Suriname et un peu moins avec le Brésil. Le littoral fait quant à lui 450 kilomètres et la frontière terrestre au sud du département se situe en forêt, dans une zone inhabitée. Imaginer que des fonctionnaires de l'État – et je ne parle même pas des seules douanes – puissent surveiller l'ensemble de ces frontières est utopique.

En revanche, nous essayons d'être présents là où nous sommes le plus efficaces. La douane est implantée sur la zone côtière, c'est-à-dire celle où existent des voies de circulation routières, sur lesquelles nous disposons d'une capacité d'intervention. C'est particulièrement le cas de la RN1, qui va de Saint-Laurent-du-Maroni à Cayenne, et de la RN2, qui relie Saint-Georges de l'Oyapock à Cayenne. Ces deux routes distribuent des pistes qui s'enfoncent dans la forêt mais ne vont pas très loin.

L'autre volet de votre question m'amène à éclaircir davantage un point que j'ai évoqué précédemment, c'est-à-dire le dossier complexe de la présence des douanes à Maripasoula. Si cette ville compte actuellement 11 000 habitants, on estime que sa population atteindra les 30 000 habitants dans dix à quinze ans.

Ceux-ci commercent essentiellement avec les comptoirs implantés du côté surinamais. Par-delà la lutte contre l'orpaillage illégal, la question de la présence de la DGDDI se pose donc aussi du point de vue douanier et fiscal. Une réflexion est en cours sur ce point, afin que soient remplies nos missions fondamentales de douanes françaises et européennes.

Depuis ma nomination en 2018, les préfets et les procureurs de la République successifs ont tous insisté pour que les douanes s'implantent à Maripasoula – la même demande étant faite à la PAF – afin d'apporter un concours à la lutte contre l'orpaillage illégal.

S'il y accord sur cet objectif, ce n'est pas encore le cas s'agissant de la faisabilité et de la durée d'une telle implantation.

Compte tenu du manque d'attractivité de la Guyane, est-il raisonnable de penser que l'on va installer des douaniers à Maripasoula ? Pour y arriver, il faudra inventer de nouveaux instruments de motivation et d'incitation, permettant aux intéressés d'accepter de vivre dans des conditions d'isolement encore plus grandes qu'à Saint-Laurent-du-Maroni. Je rappelle que Maripasoula n'est desservie par aucune route et qu'y aller représente un voyage de trois jours en pirogue si les eaux sont normales, davantage en saison sèche et avec des risques accrus. La seule autre solution pour s'y rendre est l'avion. C'est la première donnée.

L'implantation coordonnée des services de l'État à Maripasoula ne sera en outre possible que dans le cadre d'une action interministérielles, notamment pour construire des bâtiments et des logements. C'est la deuxième donnée.

La réflexion n'a donc pas encore abouti s'agissant des conditions pratiques.

À la demande de la direction générale, nous réfléchissons aux moyens de nous « projeter » davantage, c'est-à-dire d'envoyer, depuis Cayenne et Saint-Laurent du Maroni, davantage de douaniers. Cela soulève la question de notre régime de travail puisque, contrairement aux militaires et aux gendarmes, nous ne sommes pas soumis au régime des missions, mais au code du travail et aux dispositions liées à la réduction du temps de travail (RTT). À l'inverse, les dispositions qui régissent le travail des militaires et des gendarmes leur permettent d'intervenir en forêt, alors que nous n'avons pas cette possibilité. Le projet que je viens d'évoquer permettra de lever cet obstacle majeur.

Pour ce qui concerne Maripasoula, je pense avoir répondu.

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