La problématique relative à l'attractivité concerne essentiellement le personnel dédié à la surveillance. Ainsi, il n'y a pas, concernant les autres corps de métier, de problèmes de recrutement. Aujourd'hui, l'ENAP, qui fonctionne douze mois sur douze, reçoit quatre promotions d'élèves surveillants par an. Elles se composent de 350 à 450 élèves, sachant que le contrat passé avec l'administration de tutelle porte sur la formation de quatre promotions de 600 élèves chaque année. Certes, les besoins sont très forts. Il n'en demeure pas moins nécessaire de limiter les promotions, aux fins que la formation conserve un sens et puisse se dérouler dans de bonnes conditions.
À mon sens par ailleurs, la question de l'attractivité doit être analysée sous le prisme de la concurrence. J'ai transmis à l'Assemblée nationale une synthèse des études sociographiques réalisées par l'observatoire de la formation entre 2010 et 2019. Il apparaît que certaines régions – Grand Est et Hauts-de-France –, autrefois pourvoyeuses d'effectifs nombreux, nous en apportent désormais beaucoup moins. Elles ont en effet bénéficié, à un moment donné, d'une forme de reprise économique qui a élargi les opportunités d'emploi.
La question centrale est celle de la manière dont le métier de surveillant pénitentiaire est présenté. Les états généraux de la justice permettront, à mon sens, de retravailler sur le métier précité. Un référentiel est-il disponible ? En la matière, force est de constater un véritable manque de clarté. La charte que je citais précédemment a permis de réinvestir le métier originel du personnel de surveillance originel. Peut-être serait-il utile de la compléter par un travail de référencement, qui aboutirait à un véritable référentiel métier, adossé à un référentiel de compétences et qui porterait une vision assise sur la formation plus que sur les ressources humaines.
Il nous faut, j'en suis persuadé, rendre plus visible le métier débattu, présenter les évolutions professionnelles associées, en mettant en évidence les opportunités de progression sociale et mettre en évidence la stratégie d'accompagnement mise en œuvre.
La lecture de certains tracts syndicaux ou la consultation du site actupenit.com, qui recense les agressions, peuvent créer un certain nombre de freins. La formation doit aider à créer une véritable identité professionnelle. Aujourd'hui, cette dernière, extrêmement fragilisée, intègre notamment l'idée de menace : ainsi, le surveillant pénitentiaire est souvent présenté comme celui qui subit de la violence, ce qui n'est pas très attractif. Si ce constat n'est pas nécessairement faux, il est également beaucoup trop restrictif. Le directeur de l'administration pénitentiaire évalue ainsi à 15 % la baisse des violences recensées en milieu pénitentiaire.