Intervention de Jean-Louis Daumas

Réunion du jeudi 16 septembre 2021 à 10h40
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Jean-Louis Daumas, inspecteur général de la justice :

Vous allez, dans le cadre de vos auditions, recueillir des observations critiques sur le fonctionnement de l'administration pénitentiaire. J'ai pénétré en prison pour la première fois en 1978 : à cette époque, j'étais élève éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse. Plus de quarante ans après, je peux vous assurer, quelles que soient les critiques collectées lors de vos auditions, comme l'avaient fait avant vous, en 2000, les députés et les sénateurs après la publication du livre du docteur Véronique Vasseur, que l'institution pénitentiaire fait preuve d'une immense capacité d'adaptation.

Entre 1978 et aujourd'hui, la détention a profondément évolué. Certes, il reste encore beaucoup de chemin à faire. Vous pouvez compter sur l'inspection générale de la justice pour mettre en relief, à chaque fois que cela sera nécessaire, les dysfonctionnements et les situations qui se trouvent à la marge du droit et des règles pénitentiaires européennes.

Quoi qu'il en soit, peu d'institutions et de services publics ont accompli un tel chemin en quarante ans. De ce point de vue, j'ai envie de paraphraser M. Laurent Ridel, directeur de l'administration pénitentiaire. Auditionné par la commission des lois durant l'été, ce dernier rappelait que l'institution, chaque année, écrouait, hébergeait et prenait en charge plus de 90 000 personnes, cumulant l'ensemble des handicaps précédemment énumérés par M. Jean-François Beynel. En pratique, d'un quart à un tiers des personnes évoquées présentent au moins des troubles sévères du comportement, voire, pour une grande partie d'entre elles, des troubles avérés de la personnalité.

Bien évidemment, vous allez, au cours de vos auditions, collecter de nombreux témoignages sur ce qui ne fonctionne pas dans l'institution pénitentiaire. Pour avoir dirigé un établissement pénitentiaire durant dix-huit ans, j'ai envie de vous dire que les 40 000 agents au service de l'administration pénitentiaire sont avant tout des experts en humanité, parce qu'ils prennent en charge celles et ceux qui cumulent de nombreux handicaps. Enfin, je tenais à vous redire tout le chemin qui a été parcouru, sur le plan des compétences, de la déontologie et du parc immobilier, lequel est profondément malmené en raison du surencombrement.

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