Salah Abdeslam, pour des raisons de sûreté, est placé à l'isolement depuis six ans. Actuellement, des personnes en attente de jugement ou de condamnation sont détenues dans des quartiers de prise en charge de la radicalisation – de mémoire, il en existe quatre ou cinq en France. J'ai eu l'occasion de me pencher dans le détail sur celui du centre pénitentiaire d'Alençon-Condé-sur-Sarthe.
À chaque fois que possible, il nous faut concentrer, dans les quartiers d'évaluation de la radicalisation, puis dans les quartiers dédiés à la prise en charge de cette dernière, des moyens humains permettant la « désistance ».
Des moyens considérables ont été mobilisés dans ce cadre. Pour avoir inspecté l'un des quartiers précités, je peux vous certifier que l'administration pénitentiaire y injecte des moyens conséquents et intelligents, avec des spécialistes de la complexité humaine. Celles et ceux des détenus évoqués qui le souhaitent peuvent s'engager dans la voie de la « désistance ». Les fonctionnaires qui y travaillent estiment que les quartiers de prise en charge de la radicalisation produisent des effets intéressants pour certains détenus : ils sont toutefois difficiles à évaluer, car il existe toujours un risque de duperie et de mensonge.
Pour celles et ceux qui ne souhaitent pas s'engager dans la « désistance », il convient de laisser s'appliquer toute la rigueur de l'enfermement et de la privation de la liberté, pour éviter que nos compatriotes soient en danger.
Salah Abdeslam, qui continue à revendiquer son comportement criminel, ne bénéficie pas de la prise en charge évoquée. Il est placé à l'isolement dans une maison d'arrêt dans l'attente de son procès. Peut-être sera-t-il, après sa condamnation, affecté à l'un des quartiers de prise en charge de la radicalisation. Les professionnels qui travaillent à son contact – éducateurs, psychologues, spécialistes du fait religieux – verront alors peut-être ce qu'il en est de sa volonté de changer.