Je serai plus concis que mes collègues, pour faire un constat d'échec, même si vous nous accordez deux heures pour contribuer à une amélioration de la politique pénitentiaire. Il ne semble pas que ces deux heures suffiront.
Au fil des gouvernements successifs, quelle que soit leur couleur politique, nous voyons bien la difficulté d'améliorer la condition pénitentiaire, en particulier pour ce qui est de la mise en place, tant bien que mal, l'encellulement individuel. On cherche à créer des places de prison pour permettre cet encellulement individuel, sans pour autant y parvenir. À force de construire des prisons, on facilite plutôt l'incarcération, et nous voyons bien le nombre de réponses pénales apportées : ce sont surtout des peines d'emprisonnement, même si des aménagements et des alternatives ont certes été apportés, ce qui accroît la charge de travail des uns et des autres.
La situation des maisons d'arrêt implique de mauvaises conditions de travail pour les personnels. Vous demandiez ce que nous pouvions faire pour endiguer la récidive. Nous avons du mal à mettre en œuvre les solutions car, en tant que personnel de surveillance, nous rencontrons de plus en plus de difficultés pour aborder les sujets comme l'observation et la prise en charge du détenu, au même titre que la prise en charge et le suivi effectués par les personnels des SPIP, avec lesquels nous constatons un ratio nombre de personnes détenues sur nombre de personnes suivies en augmentation.
On voit bien que la réponse par la création d'établissements pénitentiaires entraîne des incarcérations. Certains établissements, prévus pour 500 places, accueillent 800 personnes. Nous n'atteignons pas l'encellulement individuel parce que la pratique d'accueil consiste à placer un lit supplémentaire dans la cellule. La situation n'apparaît pas du tout satisfaisante aujourd'hui. Comme l'ont dit les uns et les autres, l'incarcération massive se poursuit.
Il convient de s'approprier à bras-le-corps cette volonté, cette politique pénale. Nous avons déjà été auditionnés à plusieurs reprises ces dernières années. Les gouvernements successifs déclarent qu'ils souhaitent s'emparer du problème afin de l'améliorer, mais ce n'est pas le cas. Les conditions de travail des personnels manquent d'attractivité, au regard des charges de travail. L'administration pénitentiaire n'attire pas, force est de constater qu'il s'agit d'un problème d'attractivité et de reconnaissance de nos métiers. Tout métier à risque et difficile justifie une reconnaissance indemnitaire et statutaire, par le biais du passage en catégorie B en ce qui nous concerne. Le souhait est d'attirer des professionnels administratifs et techniques en leur permettant d'exercer dans de bonnes conditions, sans subir la surcharge due aux tâches quotidiennes.
Nous devons parvenir à endiguer le principe de machine à incarcérer que sont les établissements pénitentiaires.