Intervention de Éric Faleyeux

Réunion du jeudi 23 septembre 2021 à 10h10
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Éric Faleyeux, secrétaire générale de la CFDT pénitentiaire :

Après plusieurs années qui laissaient penser que le renseignement pénitentiaire avait les moyens de ses ambitions, nous déchantons. Les acteurs du renseignement pénitentiaire, dont je fais partie, sont déçus et démotivés. Comme le rappelait Mme la rapporteure, le renseignement pénitentiaire est un service récent, créé en 2015, mais le premier constat est celui du manque de moyens humains. À l'exception des contractuels, qui conservent leur poste le temps de trouver un emploi plus stable, le service manque cruellement d'effectifs. À la cellule interrégionale du renseignement pénitentiaire de Strasbourg, un seul officier se charge de la sécurité pénitentiaire des vingt-trois établissements que compte la région Grand Est. Nous savons que le renseignement pénitentiaire, et plus généralement la sécurité pénitentiaire, couvre un certain nombre de domaines, comme les trafics en détention, les phénomènes de bandes, la criminalité organisée, les évasions, les détenus dangereux. En région Grand Est, à la CIRP de Strasbourg, un seul officier se consacre à la sécurité pénitentiaire ; lorsqu'il est en congé, le secrétariat assure le relais pour traiter les urgences.

Par ailleurs, l'administration a ouvert des postes de délégués locaux au renseignement pénitentiaire dans les établissements. Il s'agit essentiellement d'officiers, recrutés à temps plein pour s'impliquer dans le renseignement pénitentiaire dans l'établissement où ils sont affectés. Cependant, on constate que ces délégués locaux ne se concentrent pas seulement sur le renseignement pénitentiaire dès lors que l'autorité locale leur confie d'autres missions, comme la gestion des quartiers des arrivants, disciplinaires, d'isolement ou encore la gestion des extractions ou de la prévention du suicide. Ils ont pourtant été nommés en commission administrative paritaire sur des postes entièrement dédiés au renseignement. Lorsqu'ils arrivent dans les établissements, ce n'est pas plus le cas.

Nous observons donc une différence entre la volonté politique, consistant à créer des postes à temps complet, et la volonté administrative locale et territoriale, qui utilise ces personnels à d'autres fonctions.

Le constat suivant est celui du manque de moyens techniques. Sans dévoiler de secrets, le renseignement pénitentiaire se trouve dans l'impossibilité d'exploiter certains téléphones. Nous ne disposons pas de logiciels nous permettant d'exploiter les téléphones de dernière génération, vendus à des prix assez élevés sur le marché et très fréquents parmi la population pénale. Le logiciel a été commandé mais nous l'attendons depuis deux ans. En revanche, les services du premier cercle du renseignement en sont dotés depuis longtemps, ce qui n'est pas le cas du renseignement pénitentiaire.

Nous pouvons donc encore progresser sur le volet des moyens techniques. Les licences d'exploitation liées aux logiciels n'ont pas encore été validées, ce qui nous empêche de réaliser un travail de qualité.

Mes constats sur le renseignement pénitentiaire concernent donc le manque de moyens humains et techniques.

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