Intervention de Philippe Kuhn

Réunion du jeudi 23 septembre 2021 à 10h10
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Philippe Kuhn, secrétaire général national adjoint du SPS :

Je souhaite répondre à la première question, relative au recrutement. On constate une déperdition importante, au point que la pénitentiaire recrute à 3 de moyenne. Notre syndicat dénonce cette situation. Il faudra savoir redonner confiance aux candidats pour les inciter à postuler, en sachant que le métier est compliqué. Nous manquons de plus en plus de personnels.

Comment expliquer que de nombreux surveillants, à peine titulaires, préfèrent rejoindre la police municipale ? D'autres choisissent un autre métier. Comment expliquer qu'un surveillant en début de carrière perçoive 1 500 € et soit affecté, dans 80 % des cas, en région parisienne ? Comment vivre avec un tel salaire ? La ministre a mentionné le salaire de 2 100 euros nets s'agissant des agents, mais j'ignore quelle est sa source d'information, à moins de travailler 70 heures par semaine. La question consiste à savoir de quelle manière il est possible de se loger en région parisienne. Nous faisons face à ce problème de logement.

Je parle aussi de l'insécurité qui entoure le travail dans les coursives. Nous évoquions les équipes locales de sécurité pénitentiaire – ELSP. Nous travaillons avec les moyens disponibles. Comment assurer une sécurité périmétrique dans un établissement dès lors qu'il n'est procédé à aucun recrutement ambitieux ? Nous devons nous contenter de nos moyens.

Comment expliquer qu'il y ait beaucoup de réformes pour les officiers mais une absence de réforme statutaire en faveur du personnel de surveillance, s'agissant du passage à la catégorie B ? Notre syndicat ne cesse d'interpeler à ce sujet. Nous menons des missions sur le terrain qui relèvent de la sécurité publique, nous avons les PREJ, les ERIS, les UHSA. Nous appelons au recrutement d'une police pénitentiaire. Le souhait est de ne plus dépendre du ministère de la justice, mais du ministère de l'intérieur. Nos missions de sécurité publique ont tendance à être oubliées. La garde des détenus reste notre mission principale.

Comment expliquer enfin que, dans les détentions, il n'y ait plus de premiers surveillants ? La dernière promotion de premiers surveillants recrutés s'élevait à 326 personnes, alors que nous proposons 400 postes. De quelle manière déployer des postes dans l'ensemble des établissements ? Il nous manque des premiers surveillants dédiés aux détentions en région parisienne, où se trouvent les principaux établissements, alors on met des surveillants sur ces postes, payés comme des surveillants. J'aimerais savoir quelles solutions seront apportées.

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