Intervention de Joseph Paoli

Réunion du jeudi 23 septembre 2021 à 10h10
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Joseph Paoli, secrétaire général national adjoint du Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS) :

Je souhaitais revenir au renseignement pénitentiaire, qui est un échec total, voire un gâchis. Ces cellules de renseignement ont été créées après les attentats de 2015. Le souhait a été d'apporter une réponse rapide après avoir constaté que les auteurs de ces faits avaient séjourné en prison. On a donc jeté un dispositif, à l'instar de tous les autres, à travers ces cellules de renseignement.

Les surveillants faisaient remonter régulièrement, par le biais de cahiers électroniques d'observation, des renseignements concernant ces personnes radicalisées, mais la démarche n'a jamais été prise sérieusement en compte. Nous n'avons pas cette culture du renseignement, malgré le déploiement d'officiers en charge des détentions. Il convient donc de revoir le système.

En juillet 2018, trois ans après les attentats, l'évasion de Rédoine Faïd est apparue comme une véritable catastrophe. Elle a montré que nous étions tout simplement mauvais en matière de renseignements.

Je parle aussi de tous les autres fléaux, comme la présence des téléphones portables et des stupéfiants. Nous avons les solutions, mais il ne s'agit pas d'une politique pénitentiaire, plutôt d'une politique générale. Il faut savoir ce que nous voulons faire et nous donner les moyens adéquats.

Notre syndicat a rédigé plusieurs rapports sur le renseignement, nous avons apporté des propositions pour gagner en efficacité à travers du personnel, formé et motivé, susceptible de fournir des renseignements en matière de radicalisation. S'agissant d'ailleurs de cette radicalisation, nous ne profitons toujours pas de structures adaptées. Il faudra prévoir des structures plus hermétiques afin de placer des détenus à des endroits spécifiques. Nous ne disposons pas de moyens humains et structurels. La volonté doit aussi être politique. Écoutez les personnes sur le terrain et ne gérez pas tout derrière vos bureaux.

Je sais que M. Falorni est membre de cette commission. Je le salue au passage, car c'est l'un des rares députés à venir nous voir. Il connaît bien l'univers des prisons et la politique pénitentiaire.

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