Intervention de Samuel Gauthier

Réunion du jeudi 23 septembre 2021 à 10h10
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Samuel Gauthier, secrétaire général de la CGT pénitentiaire :

S'agissant du recrutement, le niveau est resté assez bas à un moment donné, à cause des problèmes de campagnes d'information et de communication auprès du public. Il aurait fallu viser un panel plus large pour toucher un nombre de candidats suffisant correspondant aux attentes et aux besoins. Le manque d'informations sur le concours de surveillant a contribué au fait que nous sommes passés de 30 000 candidatures à 17 000, pour 7 000 personnes admises au final, ratio assez bas. L'administration semble avoir pris à bras-le-corps l'importance de ces campagnes afin d'inciter un maximum de personnes à passer le concours. Il ne faut cependant pas oublier les questions d'attractivité et de salaire, essentielles pour attirer les jeunes professionnels dans l'univers pénitentiaire.

En matière de radicalisation, des formations sont dispensées aux agents à l'École nationale d'administration pénitentiaire et dans le cadre d'une formation continue. Le souhait est de repérer et d'endiguer les phénomènes et assurer ensuite la prise en charge des détenus, même si la démarche a du mal à se mettre en place à travers les quartiers dédiés à l'évaluation de la radicalisation que sont les QER.

Nous constatons une multiplication des téléphones portables en détention, en espérant que les ELSP permettront d'endiguer le fléau que représentent les colis jetés par-dessus les murs, renfermant notamment des téléphones portables. Cette question est en lien avec les brouilleurs, mis en place dans quelques établissements. C'est aussi en lien avec l'installation de la téléphonie en cellule, qui se fait de manière progressive. Nous ne pouvons pas installer de brouilleurs si nous n'encourageons pas la téléphonie en cellule. C'est un peu le schéma souhaité par l'administration.

À la prison d'Alençon-Condé-sur-Sarthe, ont été mis en place des portiques à ondes millimétriques, ou POM. Leur développement a été demandé pour faciliter le travail du personnel et éviter d'effectuer des fouilles à corps systématiques, comme l'impose la loi. Les POM permettent d'accompagner ces gestes professionnels sans procéder à fouilles à corps des détenus et des familles. Condé est le seul établissement où l'on procède à une fouille des visiteurs à l'aide de raquettes, selon un régime dérogatoire.

La CGT revendique des établissements à taille humaine, c'est-à-dire entre 250 et 300 places au maximum, afin de permettre une meilleure prise en charge des personnes détenues. Or la tendance semble privilégier des établissements plus importants. M. Ridel a évoqué 400 places, mais nous nous situons autour des 550 à 700 places, justement pour optimiser la configuration et le coût que représente un établissement pénitentiaire.

Les partenariats public-privé se révèlent être des gouffres financiers en matière de constructions de prisons et nous revenons à des projets plus simples, avec l'État à l'initiative de la construction. Une meilleure prise en charge des détenus et de meilleures conditions de détention et de conditions de travail s'entendent pour des établissements qui ne dépassent pas les 300 places. Ce sont avant tout des choix politiques, des organisations territoriales selon le maillage attendu. Les prisons sont plutôt édifiées à proximité des villes accueillant une cour d'assises.

Nous ne sommes pas favorables à la construction de prisons dans une optique d'incarcération. Même si nous ouvrons un établissement de 300 places, chacun sait très bien qu'il recevra rapidement 500 personnes. Notre message au sein de cette commission consiste à dire qu'il faut arrêter d'incarcérer et de dépasser les effectifs théoriques.

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