Intervention de Flore Dionisio

Réunion du jeudi 23 septembre 2021 à 10h10
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Flore Dionisio, membre de la coordination nationale CGT insertion et probation :

Pour réagir à certains propos tenus précédemment, nous souhaitons rester rattachés au ministère de la justice. À ce titre, le mandat judiciaire nous paraît très important, puisque ce sont les magistrats qui nous confient la prise en charge du public. Ce premier acte fonde la rencontre avec les personnes suivies. Il est hors de question d'y revenir.

Un effort certain a été consenti pour sécuriser les SPIP. Nous ne voulons pas la moindre transformation en annexe de la détention. La prise en charge spécifique s'appuie sur l'accueil du public, d'ailleurs réaffirmé dans nos méthodologies. Certes, il convient de mettre en place des services sécurisés. Les SAS existent, nous avons tiré quelques enseignements de notre environnement pénitentiaire, mais il nous semble important de préserver une juste mesure. L'accueil du public doit être organisé différemment. Il s'agit d'un autre métier, en dehors ; ce n'est pas la prison.

Nous sommes très attachés au champ du travail social dès lors que nous prenons en charge les personnes dans leur globalité. Le code rappelle cet aspect. Lorsque nous examinons une situation, nous devons aussi rappeler la situation sociale, familiale et matérielle de la personne.

Pour répondre aux questions posées, lorsque nous prenons ces personnes en charge, nous intervenons en fin de cycle. Nous constatons une vraie faillite des politiques d'éducation et de prévention. C'est un choix de société : tout miser sur le répressif empêche la mise à disposition de moyens en amont. Les politiques pénales menées depuis vingt ans démontrent cette situation. L'administration pénitentiaire intervient elle aussi en bout de course. Nous faisons, par exemple, de plus en plus face au manque de moyens de la psychiatrie, le public concerné arrive chez nous.

Par rapport au cahier des charges des prisons, nous estimons que les projets de construction n'apportent pas la bonne solution. Il convient de penser aux politiques pénales dès le départ. En revanche, nous soulignons que la LPJ a essayé de créer les SAS. La sortie représente une étape difficile à préparer. La mise en place des SAS, en remplacement des anciens QPA – quartiers pour peines aménagées – et en complément des centres de semi-liberté, permet de penser la sortie de prison en créant des endroits appropriés, tournés vers la préparation et la réinsertion. Pour nous, c'est important.

Nous comprenons que le sujet de la radicalisation préoccupe les députés au regard de la sécurité publique. Cependant, quel est le pourcentage des détenus radicalisés par rapport à la globalité du public que nous prenons en charge ? Et qui constitue ce public radicalisé ? Nous avons face à nous des jeunes gens, qui n'ont plus de place dans la société française et pour lesquels nous n'avons pas trouvé de solutions en amont sur des temps de jeunesse. Effectivement, certains passages à l'acte se révèlent très graves et il convient de les condamner. La prison joue parfois ce rôle indispensable, mais ces personnes sont perdues, sans place dans la société.

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