Madame Abadie, le budget ne sert pas à l'encellulement individuel. Plus le budget se consacrera à la formation, à l'accompagnement, au travail et à la préparation à la sortie, meilleure sera la situation. Ce budget, aujourd'hui, sert en partie à la construction de nouveaux établissements et à l'ouverture de places de prison supplémentaires aussitôt utilisées.
Nous en revenons à la réflexion sur le prononcé des peines. Quelle peine pour qui ? La réflexion doit être globale. Quelles infractions doivent conduire en prison ? Toutes les infractions justifient-elles la prison ? Dans quel cas la peine de prison se révèle-t-elle indispensable ? Je ne parle pas d'efficacité, car il faudra peut-être mener des recherches pour savoir si la peine de prison est véritablement efficace. Dans certains cas, la réponse pénale de la société pour les infractions les plus graves doit être la prison. S'agissant d'autres infractions, cette réponse pénale peut être différente.
Nous disposons de dispositifs qui permettent cette alternative, mais il conviendrait d'envisager la création d'une peine de probation et de mettre davantage en avant les peines restrictives de liberté, les peines en milieu ouvert, que la peine d'emprisonnement. C'est un préalable indispensable pour faire en sorte de réduire la population carcérale et donc de permettre l'encellulement individuel et un meilleur accompagnement assuré par les personnels, avec de meilleures conditions de travail. Je pense aux personnels d'insertion et de probation, mais aussi aux personnels de surveillance, les premiers confrontés à la population pénale, sans profiter de conditions de travail satisfaisantes. Nous parlions de l'attractivité des métiers, mais le fait de se retrouver dans une coursive avec un nombre élevé de personnes empêche les personnels de surveillance d'exercer leur travail correctement, et réduit celui-ci à ouvrir et fermer une porte, alors que leurs missions sont bien plus riches.