Je n'ai pas l'obsession du nombre de places et ne suis pas choqué par l'annonce de ces 15 000 places à construire, à savoir 7 000 dans un premier temps et 8 000 ultérieurement. Mais la nature est ainsi faite : toute place sera occupée, les magistrats sauront qu'il existe effectivement des possibilités qui représenteront en quelque sorte une solution de facilité. Je pense qu'il est au moins aussi important de développer les aménagements de peine et les aides à la réinsertion que de construire de nouvelles places.
Dans cet esprit, si l'on trouve d'autres solutions que la construction de places supplémentaires, le bénéfice sera d'autant plus grand que l'on cessera la gabegie financière liée à l'ultra-sécurisation des prisons, quand 95 % des détenus au moins ne justifient pas de tels dispositifs. Notons par ailleurs que la sécurisation à outrance est également ce qui retire de l'intérêt à la fonction de surveillant. En effet, lorsqu'on passe son temps à ouvrir des portes qui se multiplient chaque année, on a peu de chances de pouvoir embrasser des responsabilités d'évaluation ou d'aide à la réinsertion.
La prison est indispensable, mais avoir 100 000 places ne résoudra pas le problème. Je préférerais de loin que ces places soient utilisées à bon escient. C'est la raison pour laquelle je pensais que les deux années d'aménagement de peine représentaient une partie de la solution. Pourtant, quelques semaines après l'adoption de la loi, Jean-Jacques Hyest et moi devions déjà nous opposer à l'évolution qui avait été immédiatement demandée. À mon sens, l'autorité, la vraie, c'est celle qui permet que s'accomplisse le travail de réinsertion, qui fait que des gens qui se sont mis en marge de la société auront retrouvé les possibilités de devenir des citoyens responsables.