Intervention de Ramona Gonzalez-Grail

Réunion du jeudi 7 octobre 2021 à 10h55
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Ramona Gonzalez-Grail, maire de La Talaudière :

Je suis maire de La Talaudière depuis 2017 et élue municipale depuis 2001. Depuis très longtemps, la commune est connue pour sa prison, c'est-à-dire que l'on associe systématiquement la ville à son établissement pénitentiaire, et ce de façon négative. Au fil des années, cela a évolué et, désormais, La Talaudière est reconnue dans d'autres domaines.

Notre prison a été mise en service en 1968 sur un terrain de 6 à 7 hectares à peine, et, peu de temps après, un lotissement s'est construit à proximité. Lorsque la maison d'arrêt a été construite, on dénombrait quelques habitations ainsi qu'une ancienne ferme, mais pas à proximité immédiate.

La maison d'arrêt de La Talaudière possède un quartier pour les hommes qui comprend 209 cellules avec une capacité de 269 places. Au 1er janvier 2021, on y recensait 357 détenus, ce qui équivaut à une densité de 132 %. Nous avons un quartier femmes qui comprend douze cellules et dix-huit places, actuellement occupées par dix-huit détenues. Nous disposons encore d'un quartier de semi-liberté construit aux alentours de 2010, tout à fait à proximité de la maison d'arrêt, composé de vingt-six cellules correspondant à vingt-neuf places. Une construction supplémentaire datant de 1990 a complètement modifié la structure initiale du bâtiment, venant se placer perpendiculairement à celui-ci, créant une cour qui constitue une vraie caisse de résonance et donc un désagrément sonore important. Les détenus ont une vue directe sur l'ancienne ferme, ce qui crée des désordres également. Dernièrement, une sorte de paravent a été construit. Il mesure 50 mètres de long sur 8 mètres de haut et comporte une fresque, projet établi en concertation avec la direction régionale et la commune de La Talaudière. Il a réuni la participation des jeunes de la commune et des détenus.

En 2017, le garde des sceaux, M. Jean-Jacques Urvoas, était venu pour annoncer la construction d'une nouvelle prison dans la Loire, qui devait être implantée dans la commune de Saint-Bonnet-les-Oules. Bien évidemment, comme souvent, les administrés se sont fortement mobilisés pour s'opposer à cette construction qui, à mon avis, se situait sur un terrain ne posant aucune difficulté. Huit études avaient été conduites et le terrain retenu était aussi le plus favorable. La construction d'une nouvelle prison devait permettre à celle de La Talaudière de fermer. Le projet a donc été abandonné et, à la place, il a été décidé que des travaux seraient effectués dans la maison d'arrêt de La Talaudière.

Ces travaux consistent dans une protection des abords de la prison avec système de vidéosurveillance, puisque notre souci principal est vraiment la proximité avec les habitations. Nous subissons des intrusions permanentes de personnes qui viennent jeter des objets, de même que des projections multiples vers la prison. Donc, nous recueillons les plaintes régulières des habitants qui ne supportent pas ces nuisances importantes. Les forces de l'ordre doivent intervenir pratiquement une à deux fois par jour. Hier encore, une personne qui était au parloir est ressortie avec du cannabis. Le trafic est permanent aux abords de la prison et malheureusement à l'intérieur également. Nous avons donc beaucoup regretté que la nouvelle construction ne se fasse pas, d'autant plus que notre structure est vraiment vieillissante. Les cellules sont dans un état lamentable. Le projet consiste donc à installer des douches dans chaque cellule. Finalement, ce n'est pas réellement la maison d'arrêt en elle-même qui apporte le plus de nuisances, mais la proximité immédiate des habitations.

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