Intervention de Bertrand Barre

Réunion du jeudi 7 octobre 2021 à 10h55
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Bertrand Barre, adjoint au maire de Béthune chargé de la tranquillité publique :

La commune de Béthune est administrée par M. Olivier Gacquerre, maire de la commune. Béthune se situe dans le département du Pas-de-Calais. C'est une ville moyenne d'environ 25 000 habitants, centre d'une communauté d'agglomération de 100 communes, regroupant à peu près 280 000 habitants.

Nous disposons d'une maison d'arrêt édifiée en 1895, située dans le centre-ville, aux abords immédiats d'un quartier résidentiel, de la sous-préfecture, d'un tribunal judiciaire, d'une gendarmerie, de commerces et d'une école primaire, laquelle jouxte directement les murs de la maison d'arrêt, ce qui pose certains problèmes. Cet établissement présente la particularité de posséder un tunnel qui avait été créé en 1924, permettant le transfert des détenus vers la gendarmerie puis, à partir de 1937, directement vers le tribunal de grande instance pour les présentations. La capacité d'accueil de la maison d'arrêt était alors de 215 places. Aujourd'hui, l'effectif est de 470 dont 127 prévenus, 343 condamnés, et ne tient pas compte des personnes qui ont été libérées lors de la première phase de la crise du covid. Cela correspond à un taux d'occupation d'environ 120 %. La durée moyenne de détention est de 145 jours et le personnel pénitentiaire se compose de 99 personnes.

La présence d'un établissement pénitentiaire dans une ville peut poser un questionnement sur les aspects sécuritaire, social et économique. Un changement récent dans le comportement des détenus, l'augmentation des nuisances sonores ainsi que les jets de colis de toute nature provenant de l'extérieur posent problème et sont à l'origine d'une inquiétude grandissante de nos administrés. Un autre aspect négatif à retenir serait la dévaluation de l'immobilier.

Historiquement, les établissements pénitentiaires, notamment durant le XIXe siècle, étaient en majorité édifiés dans les centres-villes. La prison symbolisait à la fois la pénitence et le rachat du coupable, et on parlait à l'époque d'orthopédie sociale. La prison et le tribunal sont deux symboles forts de la République, exposés afin que nul n'ignore que la faute se paie. Plus que jamais, nos institutions républicaines, notamment celles qui nous protègent, doivent à mon sens être visibles de tous.

Sur le plan social et économique, la présence d'un établissement pénitentiaire confère certains avantages. En ce qui concerne Béthune, la maison d'arrêt comme le tribunal judiciaire, la gendarmerie et d'autres services font partie intégrante de l'activité économique. Le travail des employés, l'usage des transports en commun, la scolarisation et les emplois dérivés bénéficient à la ville. L'implantation d'une prison induit de fait une ressource supplémentaire qui n'est pas négligeable. N'oublions pas que le contingent carcéral est intégré dans le comptage de la population et n'oublions pas enfin que le fait de détenir un établissement pénitentiaire accroît par nécessité la présence de professionnels de sécurité et de justice.

Si certains élus sont réticents à l'affectation de foncier pour la construction d'un établissement pénitentiaire, il faut vraisemblablement mener une réflexion sur l'évaluation de l'équilibre entre les bénéfices et les risques encourus. Trop souvent sans doute, l'effet négatif porte sur le risque sécuritaire. Au-delà de ces considérations, il vaudrait peut-être mieux valoriser et rendre compréhensibles les intérêts auprès des élus et des administrés. Il revient donc à l'État d'optimiser les intérêts d'un tel investissement.

Concernant la maison d'arrêt, je l'ai visitée à deux reprises. Nous entretenons de très bonnes relations avec le directeur de l'établissement, ce dernier tendant à valoriser tous les aspects de la gestion de la maison d'arrêt.

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