Intervention de Nelly Nicoli

Réunion du mercredi 13 octobre 2021 à 10h05
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Nelly Nicoli, directrice générale de Gepsa :

Gepsa est un gestionnaire délégué de l'administration pénitentiaire, comme Sodexo. Nous sommes partenaires de l'administration depuis une trentaine d'années : nous fournissons du travail en détention, à hauteur de plus de 2 millions d'heures par an pour 1 900 détenus environ. Dans le cadre de ces prestations, nous faisons face à des objectifs de volume de travail à fournir aux détenus. Ces dernières années, les conditions étaient assez bonnes, permettant d'augmenter le volume de travail en détention de 15 % entre 2017 et 2019. Au-delà des prestations que nous fournissons dans le cadre de contrats de facility management, nous avons à cœur d'accompagner les détenus au quotidien vers le chemin de la réinsertion.

Nous avons beaucoup travaillé sur le lien entre dedans et dehors, essentiel pour favoriser l'insertion d'un détenu à l'extérieur, sous la forme d'une expérimentation depuis deux ans. Il s'agit d'une expérimentation fragile, du fait du cadre de la SIAE – structure d'insertion par l'activité économique. Nous espérons, grâce au projet de réforme, que les dispositifs seront dupliqués dans différents endroits : les SIAE dans les aspects annexes, hébergement, formation, stabilité sociale et psychologique, et les gestionnaires délégués ou concessionnaires, travail à proprement parler, notamment l'encadrement.

Beaucoup d'aspects donnent satisfaction. En particulier, les relations avec l'administration pénitentiaire sur le terrain évoluent dans le bon sens. Tous les acteurs s'adaptent aux évolutions. Néanmoins, l'organisation d'une journée d'un détenu ou l'absentéisme peuvent impacter le travail. Les heures de début et de fin ne sont pas toujours respectées, ce qui nous met en difficulté vis-à-vis de nos clients extérieurs. Il est essentiel que ce client extérieur y trouve son compte. Nous rencontrons également différentes problématiques structurelles concernant les espaces mis à disposition, au flux logistique. Nous continuons d'y travailler pragmatiquement au quotidien.

Nous estimons que la réforme va dans le bon sens : ouvrir des droits sociaux pour les détenus est un élément constitutif d'une meilleure dignité humaine. La réforme place au cœur le travail, car c'est un levier de réinsertion très fort. Je signale néanmoins deux points d'attention. Le coût du travail risque de s'accroître et il faudra garantir la compétitivité de cette modalité vis-à-vis de l'extérieur. Passer un contrat pénitentiaire avec le donneur d'ordre nous semble également déplacé, car le donneur d'ordre n'a pas, en détention, les leviers d'un employeur classique. La direction de l'établissement doit, comme sur le terrain, jouer un rôle de premier plan.

L'ATIGIP permet d'accélérer l'ensemble des démarches et initiatives, améliorant le dialogue entre tous les acteurs. C'est un levier pour accélérer les innovations que nous attendons tous, notamment sur le terrain numérique.

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