Effectivement, dans un premier temps, l'empirisme constituait un moyen de réponse à un phénomène, alors qu'aujourd'hui, j'insiste sur ce point, nous travaillons selon une stratégie structurée, forte non seulement de nos retours d'expérience des débuts, mais aussi de différentes recherches-actions et d'ouverture au monde académique qui nous a permis d'évoluer en connaissances et en compétences.
Dès 2014, une première unité spécifique d'accueil et de regroupement des détenus terroristes a vu le jour à Fresnes, sous l'impulsion du chef d'établissement de l'époque, qui voulait endiguer ce phénomène d'influence extrêmement fort que j'ai évoqué plus tôt.
Des unités dédiées ont vu le jour en 2015. Elles évolueront peu à peu vers des unités de prévention de la radicalisation violente. La date clé à retenir est celle du 4 septembre 2016, quand se produit le premier attentat en détention, au cours duquel un détenu tente d'assassiner, avec une extrême violence, deux surveillants pénitentiaires. Cet événement nous a conduits bien entendu à tirer des leçons du regroupement des détenus et nous a invités à aborder une phase que certains pays européens qualifient de « régime mixte », qui consiste dans un premier temps à évaluer l'ensemble des détenus impliqués dans les faits de terrorisme et dans un second temps à proposer une prise en charge adaptée – isolement, QPR dans le cadre d'un regroupement ou détention ordinaire dans un établissement spécifique.
Dès le 1er janvier 2017, trois QER et un QPR d'une capacité de 28 places, établi à Lille - Annœullin, ont vu le jour. Nous avons structuré la stratégie en deux temps – évaluation et prise en charge – en développant nos QER avec trois ouvertures supplémentaires en 2019. En décembre 2021, un septième QER consacré à l'évaluation des femmes radicalisées verra le jour. Nous disposons en outre aujourd'hui de six QPR, soit une capacité totale de 189 places.