Intervention de Charlotte Hemmerdinger

Réunion du jeudi 21 octobre 2021 à 9h15
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Charlotte Hemmerdinger, cheffe du service national du renseignement pénitentiaire (SNRP) :

Si quelques-uns se sont effectivement dotés d'une connaissance plus fine de certains phénomènes, par appétence personnelle ou grâce à une formation antérieure, aujourd'hui, les DLRP sont en quelque sorte tout-terrain. Toutefois, dans certains établissements extrêmement sécuritaires accueillant des détenus au profil particulier, on peut observer un niveau de connaissance plus fin que dans d'autres maisons d'arrêt.

Au démarrage du service, nous avons bénéficié de l'appui de l'académie du renseignement, qui a formé la plupart de nos agents sur des concepts criminels généraux et sur la notion d'agent de renseignements. Nous avons par ailleurs bénéficié du soutien des deux plus grands services du premier cercle, qui nous ont proposé des actions de formation pour nous permettre de démarrer dans les conditions les plus sécurisées et optimisées possibles. Le 1er février 2020, nous avons créé un département de formation au renseignement pénitentiaire directement implanté à l'ENAP – l'École nationale d'administration pénitentiaire. Ce département sécurisé, avec lequel nous partageons l'ensemble de nos doctrines et de nos modalités opérationnelles de travail, dispense une formation d'adaptation à l'emploi, obligatoire pour tout DLRP qui intègre le réseau. L'ENAP dispense également des formations continues pour tous les agents suivant différents domaines de spécialisation : collecte de renseignements humains ou formations plus techniques pour les analystes veilleurs. Nous sommes dotés d'un plan de formation sur l'opérationnel comme sur les métiers du renseignement pénitentiaire en tant que tels. Nous bénéficions toujours de formations à l'académie du renseignement, mais nous souhaiterions également participer à des formations spécialisées encore réservées au premier cercle.

Concernant les CLRP, il existe une formation a minima, proposée par les cellules interrégionales du renseignement pénitentiaire. Le système est donc imparfait à ce stade, puisque nous ne leur proposons pas de formation d'adaptation similaire à celle des DLRP.

La coordination avec les autres services du renseignement dépend évidemment des finalités. S'agissant des mouvances extrêmes, nous pouvons d'une certaine manière nous considérer comme prestataires de services dans la mesure où, si les autres services de renseignement ne nous signalent pas les individus que nous devons suivre, nous avons de fortes chances de ne pas les identifier. Sur ce point, nous avons récupéré la compétence de 2019 et, depuis un an, nous observons une accélération du nombre d'objectifs suivis et une coordination avec les services très bénéfique. Nous sommes toujours en phase de montée en puissance dans la mesure où la compétence est récente. Néanmoins, sur le signalement qui nous est fait des individus d'intérêt, il n'existe aucune difficulté.

S'agissant de la lutte antiterroriste, nous sommes partie intégrante du dispositif national. Il n'existe aucun sujet sur la coordination ou sur le plan opérationnel, puisque ne nous sont transmises que les informations dont nous avons besoin. Je pense pouvoir affirmer que le renseignement pénitentiaire rend le service attendu, puisqu'en amont de la sortie, il communique les éléments nécessaires au service chargé de la reprise du suivi. Le dispositif est très rodé et complètement opérationnel, impliquant les GED au niveau territorial lors de séances de coordination hebdomadaires sous l'égide du préfet ainsi qu'une réunion mensuelle au niveau national qui permet de sécuriser encore davantage le dispositif. Une importante montée en compétences s'est effectuée dans la coordination avec le renseignement criminel, position toutefois délicate, car susceptible d'empiéter sur l'aspect judiciaire. Nos actions de coordination demeurent cependant très fortes, au point qu'au 1er septembre 2021, nous avons missionné un officier de liaison à l'office antistupéfiants – OFAST. Il est d'ailleurs possible que nous soyons intégrés au prochain plan « stup'», notamment parce qu'en matière de renseignement criminel, nous représentons, sur le plan national, le chef de file des objectifs incarcérés.

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