Intervention de Marc Hecker

Réunion du jeudi 21 octobre 2021 à 10h45
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Marc Hecker, directeur de la recherche et de la valorisation de l'Institut français des relations internationales (IFRI), chercheur au Centre des études de sécurité de l'IFRI :

Le programme RIVE est l'ancêtre du PAIRS. Il s'agissait d'un programme expérimental actif entre 2016 et 2018, qui, à l'instar du PAIRS, reposait sur les trois piliers que j'ai cités, mais qui s'apparentait beaucoup plus à une logique de mentorat et à une proximité avec les bénéficiaires que ne l'est le PAIRS. Il ne proposait par ailleurs aucune possibilité d'hébergement, et son envergure était assez modeste puisqu'il n'a accueilli que vingt-deux personnes en l'espace de deux ans, uniquement à Paris de surcroît.

On observe en effet des zones blanches, car PAIRS n'est déployé que dans quatre villes, dans un rayon de 100 kilomètres ou à moins d'une heure trente de transport de celles-ci. Cela limite donc considérablement la diffusion territoriale, en particulier dans l'ouest de la France, qui n'est pas couvert, ainsi que certaines régions telles que l'Alsace, pourtant touchées par le djihadisme.

Il faut également préciser que l'on n'oriente pas n'importe qui vers le PAIRS, dont les résultats peuvent en partie s'expliquer par le fait que les personnes intégrées au programme ne sont pas de très haut spectre. De telles personnes existent cependant et seront amenées à sortir de prison dans les prochains mois ou les prochaines années, ce qui pose la question d'un suivi éventuel dans un programme de ce type. Si l'on adopte un point de vue sécuritaire, on peut penser que c'est très naïf. Cependant, selon moi, ce n'est pas inutile. Il s'agirait d'un dispositif ajouté à tout ce qui existe déjà dans le domaine et qui se superposerait donc à la surveillance sécuritaire.

Cela me conduit à préciser que, dans le programme PAIRS, on a affaire à des personnes qui ont été libérées et qui ne font l'objet d'aucune mesure de sécurité particulière. Pour du très haut de spectre, cela poserait question. L'une de mes idées était de proposer un suivi de ce type, mais dans des locaux sécurisés qui pourraient se situer dans les SPIP. Or les locaux du SPIP ne sont sécurisés qu'à Paris et ne le sont pas dans les villes de province. Il s'agit donc peut-être d'un point à relever dans votre commission d'enquête. Équiper les SPIP d'un détecteur de métal et d'un scanner ne constitue d'ailleurs pas un effort financier démesuré.

De nombreux individus intégrés au programme ont un niveau socio-éducatif peu élevé et aspirent, pour leur réinsertion, à des emplois relativement simples, par exemple dans le transport ou la boucherie. Or cela engendre des réticences du côté du ministère de l'Intérieur, qui considère immédiatement les risques sécuritaires liés à ces types d'emplois. Par conséquent, certaines réinsertions professionnelles déjà bien avancées ont occasionnellement été interrompues par une intervention du ministère de l'Intérieur.

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