C'est tout à fait vrai, et l'utilisation du mot « faible » était peut-être un abus de langage de ma part. Il s'agissait plutôt de fournir un point de vue comparatif. Il serait intéressant de mesurer les niveaux de socialisation selon les années d'incarcération pour observer le fait que la radicalisation peut être liée à un changement d'imam, à l'image de l'épisode de Lunel.
Dans cette ville, le nouvel imam n'avait pas de position particulièrement radicale, mais il ne parlait pas français. Lorsqu'il prêchait à la mosquée, les anciens, qui parlent relativement bien l'arabe, saisissaient parfaitement ce qu'il disait, mais les jeunes ne comprenaient rien et ont fini par quitter la mosquée. L'un d'entre eux les a convaincus de partir en Syrie, où ils sont quasiment tous morts. Cet épisode montre bien que l'engagement dans la radicalisation n'est pas nécessairement le fait d'un imam salafiste, mais peut être lié, au contraire, au fait d'avoir quitté la mosquée et de ne plus être pris en charge par l'imam, même s'il est vrai que certains imams poussent à la radicalisation.
Cependant, la radicalisation virtuelle représente quasiment 80 % du corpus, ce qui constitue donc la voie véritablement dominante actuellement. Je pense à ce titre que les pouvoirs publics n'ont pas encore pris la mesure des dangers de l'importance du phénomène en matière djihadiste, comme dans d'autres domaines d'ailleurs.