Intervention de Jean Caël

Réunion du jeudi 21 octobre 2021 à 16h00
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Jean Caël, responsable du département prison et justice du Secours catholique-Caritas France :

Le Secours catholique est une association classique qui vise un public universel. Son rapport à la prison est dans ses gènes. Nous comptons 60 000 bénévoles, dont 2 000 pour la prison. Les bénévoles peuvent accompagner des mesures en milieu ouvert, en milieu carcéral ou suivre l'accompagnement à la sortie. Le panel de nos activités est assez large, depuis l'écrivain public en détention jusqu'à la réalisation d'ateliers. Nous plaçons la relation au cœur de nos actions. Elle peut permet une reprise de confiance en soi, une réconciliation avec soi-même et avec la société.

La relation avec les SPIP – services pénitentiaires d'insertion et de probation – est bonne quand nous parvenons à les contacter. Il serait plus efficace de réintroduire du travail social à l'ENAP – École nationale d'administration pénitentiaire – car les personnels demeurent novices en la matière alors qu'il s'agit du premier sujet auquel ils seront confrontés. Nous disposons d'une convention nationale avec l'administration pénitentiaire depuis 2004, renouvelée régulièrement. Nous disposons également de conventions régionales et locales. Nous ne demandons aucune subvention, ce qui nous offre une certaine liberté de parole. Il s'agit d'une convention qui inclut le SPIP et l'éducation nationale pour le financement de la lutte contre l'illettrisme.

Concernant le budget du ministère de la justice, des sommes importantes sont dilapidées dans la construction, asséchant les budgets socioculturels et les moyens qui permettraient d'embaucher de nouveaux membres du personnel au niveau du SPIP. L'inconvénient des nouveaux établissements reste le manque d'espaces collectifs et d'occasions de rencontres entre les personnes. Nous croyons au bénéfice des rencontres entre les personnes qui permettent de stimuler les potentiels de contribution de chacun.

Le personnel pénitentiaire agit selon la commande politique et les moyens dont il dispose. Ces derniers sont sous-dimensionnés pour l'entretien et la rénovation. La surpopulation grippe l'ensemble du système carcéral et coûte plus cher que certaines alternatives. Les associations peuvent accompagner ce type d'alternatives.

Selon nous, l'encellulement individuel est une mauvaise justification permettant de construire de nouvelles places de prison.

L'objectif des tutelles, depuis la loi Perben notamment, n'est pas d'améliorer les conditions de détention pour y envoyer les auteurs de petits délits. L'objectif était de développer des alternatives pour éviter les effets de désocialisation de la prison. Pourtant, une minorité des personnes incarcérées s'avère réellement violente, d'où une criminalisation de la pauvreté, phénomène que nous dénonçons dans notre rapport.

La loi du 8 avril 2021 tendant à garantir le droit au respect de la dignité en prison, à laquelle fait référence votre question 10, déplace le problème et n'améliore pas l'existant. L'administration pénitentiaire reste le décisionnaire final sur le terrain.

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