Intervention de Hubert Gourden

Réunion du jeudi 21 octobre 2021 à 16h00
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Hubert Gourden, secrétaire général de l'Association nationale des visiteurs de prison (ANVP) :

Notre mission consiste à assister les personnes détenues par notre présence et notre écoute. Nous disposons d'une convention avec l'administration pénitentiaire. Nos rapports sont positifs. Cependant, il existe une importante disparité entre les centres pénitentiaires. Le directeur d'établissement est le seul maître à bord. Les directives sont appliquées ou non en fonction de la bonne volonté locale. Parfois, ce phénomène est justifié. Ainsi, il est fréquent que nous ne disposions pas des mêmes possibilités d'actions selon les établissements.

Concernant la surpopulation et le placement à l'extérieur, nous partageons l'avis des représentants des autres associations.

J'insisterai tout de même sur le côté psychiatrique, car nous manquons de spécialistes en France. Je rejoins totalement M. Michel Doucin : les détenus souffrant de maladies psychiques n'ont pas leur place en prison. D'autres structures s'avèrent nécessaires pour accueillir ces malades, ce qui libérerait 20 000 places de prison.

Il existe très certainement trop de places en prison au regard des peines alternatives, dont nous espérons qu'elles rencontrent un jour un succès. Il est nécessaire de construire pour supprimer les places indignes du parc habituel. Tous les rapports des différentes associations et les condamnations de l'Europe appuient ce point. La construction doit prendre en compte le minimum de sécurité et l'individualisme, car aujourd'hui il s'agit de proposer l'encellulement individuel dans tous les centres. Nous savons que, dans les maisons d'arrêt, les détenus sont au minimum deux par cellule, voire trois ou quatre dans une pièce de neuf mètres carrés. Ces personnes sous main de justice passent vingt-deux heures sur vingt-quatre dans leur cellule.

Je suis en accord avec les autres représentants d'associations concernant le manque de moyens. Un nouveau détenu entre, attend et sort. Il verra peut-être son SPIP une fois. Les petites peines amènent à la multiplication de la récidive. Que devons-nous faire pour que des détenus qui ne rencontrent que des membres d'associations certes volontaires, mais ne disposant que de peu de moyens, comprennent le sens de leur peine, entament une réflexion sur leur parcours et les moyens d'en sortir ? Nous avons besoin d'augmenter le nombre de travailleurs sociaux pour répondre à des questions de droits sociaux. En milieu ouvert, un SPIP s'occupe de 120 dossiers.

Les sorties sèches sont beaucoup trop nombreuses. Un nombre important de détenus sort de prison sans disposer d'un hébergement ni d'un logement. J'ai rencontré des SDF qui viennent en prison pour être hébergés.

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