Je souhaite tout d'abord faire un point rapide sur la direction interrégionale des services pénitentiaires de Paris et vous fournir des éléments de contexte. La DISP de Paris recouvre 18 établissements pénitentiaires pour une capacité théorique de 10 131 places, celles-ci étant actuellement occupées par 12 769 détenus. Deux établissements sont notamment concernés par la surpopulation : Villepinte et Nanterre, dont les taux d'occupation atteignent respectivement 177 % et 161 %.
Je souhaite à présent me concentrer sur le sport, qui dépend du département lié à la réinsertion et à la prévention de la récidive. Notre objectif est de réintégrer et d'intégrer le droit commun au sein des établissements pénitentiaires. En tant que référent sport, je réponds aux directives nationales et régionales dans toutes leurs déclinaisons et les coordonne au mieux. Mon rôle consiste à impulser, coordonner et accompagner au mieux les projets dans les établissements au niveau local, ainsi qu'à faire le lien entre les établissements au niveau régional.
Concernant la professionnalisation et les ressources humaines de la direction interrégionale de Paris où je travaille, cinquante-quatre des soixante postes théoriques de moniteurs de sport sont actuellement pourvus, par vingt-trois personnels titulaires et trente et un contractuels. La situation à la DISP de Paris est particulière. En effet, le nombre de titulaires formés à l'ENAP – École nationale de l'administration pénitentiaire – devrait être supérieur au nombre de contractuels recrutés pour une durée d'un an.
Ces moniteurs animent et organisent les séances sportives selon les souhaits des établissements. La coordination sportive s'effectue au niveau régional. Nous travaillons avec deux entités qui nous permettent d'animer, de coordonner et d'organiser sur l'ensemble du territoire francilien des événements sportifs qui sortent du quotidien et des pratiques habituelles : le CROS – Comité régional olympique et sportif – d'Île-de-France et l'Union régionale sportive Léo-Lagrange. Il s'agit d'un dispositif propre à l'Île-de-France et que l'ensemble des acteurs de l'administration pénitentiaire et de la DISP de Paris souhaitent absolument conserver malgré sa fragilité financière. En effet, il est extrêmement important de maintenir ce contact sportif au quotidien au sein de nos établissements. L'intérêt de cette coordination, au-delà du très bon travail réalisé par les moniteurs sportifs, est de faire entrer le droit commun dans les établissements.
Nos partenaires nous permettent de travailler avec des fédérations, des comités, voire des sportifs de haut niveau, mais plus traditionnellement avec des professionnels capables d'intervenir auprès des personnes détenues. Concernant l'aspect quantitatif, nous avons consacré, sur l'ensemble de la DISP de Paris, 4 571 heures à l'enrichissement de la politique sportive en 2019, qui constitue notre dernière année de référence compte tenu du contexte de 2020, contre 4 094 heures en 2017, soit une augmentation de 11,6 %. En 2019, cela renvoie à 6 550 personnes détenues concernées par un engagement sportif.
Je souhaiterais également mettre en avant un événement qui illustre la diversité de ce que le sport peut apporter en détention. Il s'agit de la Course du cœur, un parcours de 750 kilomètres reliant Paris à Bourg Saint-Maurice-Les Arcs en quatre jours et quatre nuits, à laquelle ont participé quatre détenus en 2019, ce qui implique qu'ils ont bénéficié d'une permission de sortie. Cet événement organisé sous la surveillance des établissements pénitentiaires concernés met en exergue des valeurs sportives et humaines. En effet, les échanges réalisés avec les nombreuses entreprises partenaires débouchent parfois sur des possibilités de réinsertion.
Je voudrais également souligner que le sport a considérablement évolué au cours des quinze dernières années, en développant une véritable transversalité. Ainsi, je travaille souvent avec mes collègues de la culture, mais on peut tout aussi bien évoquer le sport-formation, grâce aux formations dispensées par les fédérations, le sport-santé, qui s'intéresse au bien-être, et le sport-culture qu'illustre par exemple la Fête de la nature, où nous avons mêlé sport et culture le temps d'un événement.
L'arrivée des Jeux olympiques à Paris et sur l'ensemble du territoire français en 2024 offre l'occasion d'améliorer la qualité du sport en détention et son ampleur. À cet égard, la DISP de Paris a déposé un projet actuellement à l'étude visant à améliorer et à développer de façon significative la pratique sportive au sein de deux établissements pour l'année en cours, la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis et la maison centrale de Poissy. Ce projet consiste à adapter les cours de promenade à travers l'installation de matériel sportif pour que les personnes détenues puissent faire du sport durant leur temps de promenade.
Notre public ne présente pas de profil particulier, le sport s'adresse à tout le monde. Sa pratique diffère néanmoins selon les caractéristiques des établissements, qui peuvent être des maisons d'arrêt, des maisons centrales, des centres de détention ou des centres pénitentiaires. Les maisons d'arrêt fonctionnent par exemple avec ce que nous appelons des listes sportives : lors de son arrivée en détention, la personne détenue doit présenter une lettre au moniteur stipulant qu'elle souhaite pratiquer un sport dans l'établissement, et sa demande est alors transmise au bureau de détention. Notez que le nombre de demandes est si important que le temps d'attente peut atteindre trois, voire quatre mois, ce qui est notamment le cas à la maison d'arrêt de Bois-d'Arcy. Au contraire, le régime de détention moins restrictif de la maison centrale de Poissy permet aux personnes détenues de disposer de davantage de libertés et donc d'accéder au sport plus facilement.
La coordination sportive nous permet néanmoins de présenter des activités en fonction des spécificités de certains détenus. Je pense par exemple aux projets soutenus par la MILDECA – mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives –, grâce à laquelle nous mettons en place des actions dans différents établissements afin de lutter contre les comportements addictifs au moyen du sport. Nous nous concentrons également sur les problématiques liées à la sédentarisation et à l'isolement, en mettant en œuvre des actions non pas en fonction d'un profil, mais d'une situation afin d'améliorer le temps de vie en détention. Nous avons en outre reçu des financements nous permettant de faire appel à des psychosociologues du sport qui viennent s'entretenir avec les personnes détenues sur le sujet des addictions.
Enfin, les infrastructures dont nous bénéficions sont nombreuses et vieillissantes, mais elles sont entretenues conformément à la réglementation. Je pense notamment aux infrastructures scolaires telles que les paniers de basket ou les buts de handball. Ces infrastructures sont effectivement vieillissantes, voire obsolètes, notamment les salles de musculation, pour lesquelles nous rencontrons des difficultés de contrats liés aux appareils. L'ensemble des établissements pénitentiaires ont la possibilité de proposer une pratique sportive, et ce de façon raisonnable, mais il est toujours possible de faire mieux.