Intervention de Arnaud Lavaud

Réunion du mardi 26 octobre 2021 à 17h00
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Arnaud Lavaud, secrétaire général de l'association Ariana :

Je tiens tout d'abord à remercier la commission de nous accueillir et de nous donner la possibilité de nous exprimer et de livrer notre retour d'expérience sur nos actions en milieu carcéral.

Ariana est une association qui développe depuis 2009 un programme appelé Mix'Art destiné au jeune public prioritaire pour œuvrer à son insertion socioculturelle et à son appropriation des valeurs de la République au travers de la médiation, du street art et de la bande dessinée. Initialement, notre projet a été lancé auprès de jeunes issus de quartiers prioritaires. Ensuite, nous avons progressivement étendu nos actions aux jeunes primo-arrivants ou porteurs de handicap et, depuis 2016, aux jeunes en détention. Nous intervenons à la fois dans les quartiers mineurs et les EPM – établissements pénitentiaires pour mineurs –ainsi qu'auprès de jeunes adultes de 18 à 25 ans. Nous sommes présents dans une quinzaine de maisons d'arrêt et de centres pénitentiaires en France métropolitaine et travaillerons bientôt en outremer, dans la maison d'arrêt de Baie-Mahault.

Nous disposons de trois modalités d'intervention. La première se déroule en présentiel à travers des programmes d'ateliers qui ont généralement lieu sur une semaine complète. Nous avons également mis au point des kits autour de la bande dessinée qui peuvent être utilisés directement et de façon autonome par les équipes éducatives en détention, ce qui leur a notamment servi lors de la crise sanitaire que nous avons connue. Enfin, notre nouveau programme s'appuie sur des ateliers numériques destinés à être diffusés via les canaux vidéo internes afin d'intégrer le numérique au champ socioculturel en détention.

À travers ces trois modes d'action, nous poursuivons plusieurs objectifs, notamment celui de permettre aux jeunes de réaliser eux-mêmes des productions artistiques de street art ou de bande dessinée, par exemple des fresques participatives dans la cour de promenade, dans le foyer ou encore sur des toiles. Notre premier objectif consiste à permettre aux jeunes de s'approprier les techniques enseignées par notre équipe d'intervenants en travaillant sur des thématiques citoyennes fortes telles que les questions liées au climat, à l'égalité hommes-femmes ou aux valeurs de la République, de façon à ce qu'ils puissent s'exprimer et développer un discours responsable. Notre deuxième objectif, que poursuivent sans aucun doute tous les partenaires réunis cette après-midi, consiste à lutter contre l'effet désocialisant de l'incarcération, notamment chez ces jeunes bien souvent en situation de récidive et ayant connu une déscolarisation précoce.

Au-delà de la pratique artistique, la rencontre avec nos intervenants les aide à développer leur esprit critique, à réaliser un projet de bout en bout sur une période donnée et leur apprend à travailler en groupe pour atteindre un résultat positif. Ainsi, notre projet contribue également à développer et à soutenir la parentalité, à restaurer les liens familiaux. Le temps de l'incarcération aura été l'occasion d'accomplir de belles réalisations.

Je souhaiterais également rappeler que la mise en œuvre de notre projet dépend d'une importante concertation entre tous les professionnels de la détention impliqués, qu'il s'agisse de la protection judiciaire de la jeunesse – PJJ –, de l'unité locale d'enseignement, des surveillants ou encore du référent culture du service pénitentiaire d'insertion et de probation – SPIP. Il est capital de préparer au mieux nos interventions et de pouvoir ainsi faire en sorte que tout le monde se sente concerné.

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