Intervention de Valérie Pradalié

Réunion du mardi 26 octobre 2021 à 17h00
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Valérie Pradalié, fondatrice de l'association Equus :

Tout comme Mme Arnoux, je travaille avec les animaux. J'interviens depuis huit ans en médiation équine à la maison centrale de Poissy et dans l'établissement pour mineurs de Porcheville, ainsi qu'en médiation canine à la maison d'arrêt pour femmes de Versailles dans le secteur des Yvelines.

Parallèlement, j'organise dans mon centre équestre des journées de sociabilisation destinées aux personnes placées en milieu ouvert. J'accompagne en outre en médiation équine des personnes en situation de mal-être, dont beaucoup sont des victimes directes ou collatérales d'agressions, ce qui m'amène à travailler des deux côtés.

Mon activité principale se déroule à la maison centrale de Poissy, où j'interviens tous les mois pendant quatre jours consécutifs et où nous avons pu installer des boxes pour que les chevaux restent sur place. Il est très intéressant de travailler avec ces animaux qui révèlent instantanément et sans jugement l'état physique, émotionnel et psychologique de la personne avec laquelle ils interagissent grâce à un effet miroir. Nous entamons alors un travail de conscientisation de l'émotion afin que cette personne l'accepte et soit en mesure de la gérer pour pouvoir à terme reprendre le contrôle et éviter les passages à l'acte. Il s'agit avant tout d'un travail de retour vers soi pour prendre conscience de son propre fonctionnement avant d'aller vers l'autre en réajustant sa façon d'agir. Cette activité s'inscrit dans le cadre de la justice restaurative, qui cherche à donner un sens aux peines et à éviter la récidive en permettant à la personne détenue de se reconstruire à la suite de son acte et aux victimes de réaliser le travail de réparation nécessaire pour atteindre la résilience.

Les peines purgées par les personnes détenues de la maison d'arrêt de Poissy sont plutôt lourdes, tandis que les mineurs de l'EPM de Porcheville n'y restent que quelques mois. Les programmes proposés sont donc totalement différents. En effet, dans le second cas, il n'est pas possible d'assurer un suivi régulier. Il est donc indispensable de se coordonner avec toute l'équipe référente dont le SPIP, le directeur d'établissement et le personnel soignant. Il s'agit d'un travail lourd et long à mettre en place. Dans ce cadre, le soutien de tous ces acteurs est indispensable. Je considère que la médiation équine fait partie du terreau permettant de proposer des mesures en justice restaurative, notamment en diffusant des informations sur ces mesures qui peuvent faire avancer différentes problématiques, en répondant par exemple aux questions sur les partenariats que l'on peut mettre en place avec l'Institut français pour la justice restaurative – IFJR –, sur les rencontres que l'on peut organiser entre détenus et victimes, les cercles de restauration, les parrainages à la sortie de prison, etc.

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