Je suis tout à fait d'accord. À la différence de Mme Pradalié, je travaille en maisons d'arrêt, ce qui me permet d'entrer accompagnée de petits animaux au cœur de la détention, dans la cellule des détenus et donc chez eux.
Le recrutement commence dans les coursives, voire dès la porte d'entrée, lorsque les agents sortent de leur kiosque pour voir l'animal que j'ai amené. Ils me disent souvent que notre venue est leur rayon de soleil. Je croise les personnes détenues dans les coursives alors qu'elles se rendent à leurs rendez-vous avec le psychologue, le moniteur sportif ou encore à un cours. Elles aperçoivent le chien qui m'accompagne et s'arrêtent, prenant le temps de me demander si elles peuvent le caresser. Elles me disent souvent qu'elles n'ont pas vu de chien depuis des mois et que cela leur fait beaucoup de bien. Les personnes les plus touchées sont généralement celles qui avaient un animal à l'extérieur.
C'était d'ailleurs un des objectifs premiers de l'association : amener à l'intérieur de la prison les animaux qui font partie de la vie à l'extérieur. Les demandes interviennent en premier lieu de cette manière. Il faut ensuite passer par une étape plus administrative en formulant une requête accompagnée d'une courte lettre de motivation. Les demandes émanent des personnes détenues dans 90 % des cas. Les 10 % restants nous sont envoyés par la direction, les gradés de bâtiments, les surveillants d'étage, le SPIP, le médecin ou encore le psychologue, car tous nous considèrent comme des personnes-ressources depuis plusieurs années. Nous avons aussi la chance d'intervenir dans les CPU – commissions pluridisciplinaires uniques – et auprès de différentes commissions où échangent les différents acteurs qui accompagnent ces personnes détenues. Ce dialogue nous permet également d'intervenir sur des cas précis d'isolement, de violence, etc. Tout se fait assez naturellement.