Mener à bien un projet Mix'Art en détention demande beaucoup de passion et d'énergie, comme cela a été le cas en 2009, lorsque nous avons été parmi les premières associations à faire entrer le street art à l'école. Disons-le tout de suite : le street art était souvent considéré comme un art vandale, mais nous avons su expliquer que cette forme d'expression artistique devenue universelle parlait aux jeunes et que sa forte présence dans nos rues s'expliquait par son sens citoyen.
Nous avons développé un programme qui a d'abord été lancé dans les écoles et les quartiers prioritaires. Par la suite, au fil du temps, nous avons développé des compétences et un savoir-faire auprès du public des décrocheurs scolaires. Progressivement, nous sommes entrés en contact avec l'unité locale d'enseignement de Fleury-Mérogis, qui nous a accueillis en 2016. Nous avons alors pu valider notre concept auprès de mineurs, garçons et filles, et avons reçu en 2018 le soutien d'un fonds public à travers l'appel à projets de la DGLFLF – délégation générale à la langue française et aux langues de France. Cet appel à projets national nous a permis de développer des supports éducatifs destinés aux jeunes en détention. Parallèlement, la fondation M6 nous a fait confiance pour lancer notre projet.
En 2018, nous étions présents dans six établissements, dont trois EPM et trois établissements pénitentiaires. Actuellement, nous intervenons dans quinze établissements pénitentiaires aux quatre coins de la France, où nous menons généralement des programmes sur cinq jours consécutifs, du quartier des mineurs accueillant des filles aux Baumettes à Dijon en passant par Nanterre. Nous avons mis en place des conventions pluriannuelles avec le ministère de la justice et les deux directions concernées : la direction de la protection judiciaire de la jeunesse – DPJJ – et la DAP qui nous accompagnent surtout pour montrer que notre projet est sérieux et tient la route face à nos interlocuteurs, facilitant le développement du projet. Nous avons ensuite obtenu des subventions auprès de partenaires publics à force d'énergie et d'investissement. Ces subventions proviennent par exemple des services déconcentrés de l'État et portent sur des projets que nous menons auprès de publics à besoins spécifiques, tels que les allophones ou les mineurs non accompagnés. Nous recevons aussi le soutien de différentes CAF – caisses d'allocations familiales – pour nos actions de soutien à la parentalité et de promotion des valeurs de la République.
Enfin, nous recevons nous aussi le soutien de fondations, notamment la fondation SNCF et la fondation Hippocrène, qui nous soutiennent en Alsace et dans le Haut-Rhin sur un projet innovant. Nous avons en effet toujours envie de faire bouger les lignes. Ce projet associe de jeunes décrocheurs de Mulhouse, placés en maisons d'enfants à caractère social – MECS –, et de jeunes détenus des maisons d'arrêt de Strasbourg et de Mulhouse.
Je terminerai en répondant à votre question sur l'évaluation. Nous croyons beaucoup à la politique des petits pas. Dans cette optique, il est très important pour nous de déterminer notre point de départ directement avec les jeunes, en appréciant par exemple leurs connaissances sur la thématique du climat, pour mesurer le chemin parcouru ensemble au bout d'une semaine. Il s'agit d'un premier élément dynamique d'évaluation. Le fait que nos fresques ne soient pas abîmées, mais respectées, constitue un autre critère d'évaluation. Les jeunes qui les ont réalisées en tirent un sentiment de fierté. Nous produisons par ailleurs un recueil de revalorisation et de restitution à l'issue de chacune de nos interventions. Ce type de recueil rassemble des interviews anonymes des jeunes ayant participé au projet, mais également de nos partenaires ou des équipes de la détention. Cela nous permet de produire un support écrit et photographique de ce qui a été accompli, celui-ci constituant un autre élément d'évaluation davantage qualitatif.