Intervention de Dr Patrick Serre

Réunion du mercredi 27 octobre 2021 à 9h05
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Dr Patrick Serre, chef de l'unité sanitaire en milieu pénitentiaire de la maison d'arrêt du Mans-les Croisettes, vice-président de l'APSEP :

En 1994, la prise en charge sanitaire des personnes détenues est passée d'une tutelle de l'administration pénitentiaire à une tutelle du ministère de la santé. Nous avons appris à travailler ensemble, notamment grâce à des guides méthodologiques plusieurs fois réactualisés. Après des négociations avec l'administration pénitentiaire et le ministère de la Santé, nous sommes arrivés à un consensus pour la prise en charge globale sanitaire.

Nous sommes attachés aux valeurs de droits des patients, d'accès au soin et aux actes de prévention et de promotion de la santé, de secret médical, trop largement bafoué, en particulier lors des extractions dans les établissements publics de référence, et enfin d'indépendance des professionnels de soin sur le terrain. Au fil du temps, des pressions sécuritaires croissantes de la part de l'administration pénitentiaire ont rendu difficile l'exercice de notre travail. Nous avons tenté de parvenir à un consensus pour des protocoles d'échanges d'information, qui pourraient être bénéfiques aux patients, mais aussi être utiles à la préparation de leur sortie. Il s'agit d'un véritable défi, car il faut trouver une juste place pour le secret médical et trouver le bon moyen de préparer les sorties en travaillant avec les services sociaux. Un trop grand nombre de patients détenus retourne en prison, notamment dans les maisons d'arrêt. Pour lutter contre la récidive, nous devrons trouver un espace de travail commun, tout en respectant notre secret médical, notre éthique et nos patients.

Les freins sont nombreux dans les prises en charge, l'accès aux soins et le respect du secret médical. Les extractions médicales sont souvent un obstacle. L'administration pénitentiaire peine à recruter le personnel nécessaire. Il est indispensable que les soignants sur le terrain ne soient pas considérés comme des auxiliaires de justice. Nous voudrions participer à l'amélioration du parcours de soin, à la préparation de la sortie, et être associés plus largement à l'élaboration des unités médicales dans les nouvelles constructions. Nous voudrions également travailler efficacement avec le ministère de la santé car nous constatons un décalage croissant entre les décisions prises par le ministère et la réalité du terrain. Il faut tenir compte des récentes évolutions de ce terrain. Les personnels de soin sont contraints à d'importants sacrifices pour assurer l'accès aux soins des patients détenus.

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