Intervention de Laurent Michel

Réunion du mercredi 27 octobre 2021 à 10h30
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Laurent Michel, administrateur de la Fédération Addiction :

De nombreux détenus profitent de l'incarcération pour se mettre à distance des produits. Il est vrai que ces produits circulent, mais il demeure compliqué, notamment sur le plan financier, de s'approvisionner quotidiennement en crack, en cocaïne ou en opiacés. Toutefois, le taux de rechute à la fin de la détention s'élève à 95 % et les personnes s'exposent à des risques majeurs d'overdose et de complication. Des études internationales montrent que la sortie de prison est l'un moments les plus sensibles en matière de mortalité.

La prison est un lieu d'initiation de soins. Beaucoup de patients dépendants aux opiacés peuvent initier un traitement de substitution en détention. Ils peuvent aussi rencontrer des associations et initier une dynamique qui pourra se prolonger à l'extérieur. Mais la prison représente un moment de rupture sur de nombreux plans. Lors de la sortie de détention, les difficultés reparaissent et représentent un risque de rechute. L'un des problèmes est l'accès aux droits sociaux, notamment à l'assurance médicale complémentaire. Il est parfois plus simple pour les anciens détenus de se tourner à nouveau vers le marché noir que de se rendre dans une pharmacie, car certains ne souhaitent pas présenter un bulletin de sortie prison, qui ne couvrira généralement pas l'ensemble des frais nécessaires pour le traitement.

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