Intervention de Michaël Gilmant Merci

Réunion du mardi 9 novembre 2021 à 18h15
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Michaël Gilmant Merci, directeur de la maison d'arrêt de Villepinte :

La durée des peines du QM de Villepinte est étonnamment similaire à celle des EPM de Porcheville et Marseille. La question du bilan est effectivement essentielle, tant au niveau de l'éducation nationale que de la santé. Contrairement au QM de Nanterre, nous accueillons un pédopsychiatre en mesure de réaliser un bilan santé approfondi. Notre unité de soin prend en charge la polytoxicomanie et les nombreuses carences rencontrées par nos jeunes. Notre politique vise également à raccrocher les jeunes à l'école, et nous tentons d'imposer l'obligation scolaire jusqu'à 18 ans.

Concernant l'encellulement individuel, j'ai connu deux situations très différentes entre l'outre-mer et la métropole. À Mayotte, il était plus simple et souvent demandé de doubler les cellules pour des raisons culturelles. À Villepinte, lorsque certains jeunes souhaitent être doublés en cellule nous le refusons. Se retrouver seuls pour la première fois constitue un véritable choc pour eux. Ils viennent d'appartements très étroits, d'un environnement toujours occupé par de nombreuses personnes, qu'il soit délinquantiel, familial ou, s'ils vivent dans la rue, social. Nous travaillons avec eux sur l'appropriation de cet espace, en les amenant à s'occuper de leur lit, de leur cellule. Contrairement aux EPM, les liens entre les familles et l'équipe de direction et d'encadrement sont inexistants.

Dans l'établissement où je travaillais précédemment, nous rencontrions les familles des jeunes présentant un certain profil, mais ce n'était pas systématisé. Nous aimerions faire évoluer cette situation à Villepinte, mais cela nous paraît très difficile au regard de la durée de la détention, du travail engagé auprès de nos jeunes et des moyens dont nous disposons. Lorsque la famille existe, le lien est assuré par la PJJ. De nombreux jeunes sont totalement désocialisés et viennent de familles d'accueil, de structures de prise en charge ou vivent dans la rue. Nous travaillons actuellement sur des parloirs médiatisés. Je pense notamment à un jeune qui a pour projet de sortie de s'installer chez son père qu'il n'a pas vu depuis des années. Cela implique nécessairement que ce dernier se rende à l'établissement et que nous permettions des retrouvailles progressives. Ces enjeux sont très importants et demandent beaucoup d'investissement, tant dans le milieu ouvert que dans le milieu fermé en liaison avec les médecins et les psychologues. Nous tentons de réaliser ce travail au quotidien, même s'il ne peut pas être systématique.

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