Intervention de Anne Rouville-Drouche

Réunion du mardi 9 novembre 2021 à 18h15
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Anne Rouville-Drouche, directrice de la maison d'arrêt de Nanterre :

Je pense que l'on peut rester parent tout en étant éloigné de son enfant, l'Île-de-France ne reflétant pas la réalité des régions. Il est possible que le mineur soit incarcéré à 300 kilomètres de sa famille. Dans ce cas, la PJJ est mandatée pour faciliter le déplacement des proches et les accompagner, voire les véhiculer. En outre, la famille n'est pas toujours structurante, et, s'il est vrai que l'on a besoin d'un parent, le magistrat n'a parfois pas d'autre choix que d'incarcérer le mineur plus loin, simplement parce qu'il est nécessaire de le couper de son environnement. Il arrive que des faits soient extrêmement médiatisés et ne permettent pas au mineur de vivre les premiers jours de sa détention de façon apaisée. Bien sûr, il est important que les jeunes puissent voir leur famille s'ils entretiennent de bonnes relations avec leurs parents.

À Nanterre, nous rencontrons parfois des difficultés à obtenir l'éloignement d'un mineur détenu. Nous le sollicitons lorsque l'affaire pour laquelle il a été incarcéré se retrouve dans les médias ou que le mineur en a fait étalage lui-même sans penser que l'information se retournerait contre lui. Les magistrats ont souvent le souhait de préserver la proximité avec la famille. Il m'est arrivé encore récemment de m'interroger sur cette décision de maintien, qui en fin de compte menace l'équilibre du jeune. Tout est affaire de circonstances, même s'il est vrai qu'à Nanterre, nous n'avons que dix-huit situations à gérer contrairement à mes collègues.

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