J'exerce dans un établissement assez éloigné des centres urbains. Les mineurs que nous accueillons venant de l'ensemble de l'Île-de-France, nous rencontrons une problématique liée à l'éloignement non négligeable ; il s'agit d'une conséquence des choix d'implantation des établissements pénitentiaires. Nous sommes intégrés à l'agglomération de Mantes-la-Jolie, et très peu des jeunes que nous hébergeons sont originaires de cette agglomération. Lorsqu'on vient des Yvelines, il est très compliqué de se rendre à Porcheville. La gare la plus proche se trouve à vingt minutes à pied de l'établissement.
Il s'agit d'un vrai frein aux liens familiaux. Nous constatons que les familles qui souhaitent maintenir le lien font d'immenses efforts pour venir voir leurs enfants. Certaines sont très investies et passent parfois des heures dans les transports en commun afin de se rendre au parloir trois fois par semaine. Il s'agit de familles structurantes pour l'enfant. D'autres familles étaient abandonniques avant l'incarcération et le restent après. La PJJ fournit un travail considérable dans le but d'essayer de recréer du lien familial, en cherchant notamment à remettre à sa place l'autorité parentale dans son entièreté. Beaucoup de jeunes sont issus de familles monoparentales, où le père a délaissé sa place par habitude. La PJJ essaye de le remobiliser et de le remettre dans son rôle, ce qui ne fonctionne pas toujours.
Nous disposons également de certains dispositifs permettant de valoriser les mineurs auprès de leur famille. Nous organisons des journées familles qui se déroulent dans l'abri-famille, à l'extérieur de l'établissement. Cette mesure permet aux familles de venir rencontrer les professionnels qui encadrent leurs enfants, même lorsqu'elles ne disposent pas de permis de visite.
L'éducation nationale participe chaque trimestre à ces journées-famille, en remettant les bulletins scolaires. Il s'agit d'un moment valorisant, c'est en effet souvent la première fois que les familles reçoivent un bulletin scolaire positif, la qualité de l'enseignement et l'individualisation mise en place permettant d'obtenir de bons résultats. Nous disposons également d'une salle de parloir médiatisée où nous organisons des temps d'échanges entre les parents, l'enfant, les éducateurs de milieu ouvert et de milieu fermé de la PJJ, pour préparer les alternatives à l'incarcération en présence de tous. Nous essayons également de valoriser certaines activités mises en place. Nous avons par exemple organisé un atelier slam et avons invité les parents à venir assister à la restitution de cette activité.