Nous avons créé cette association pour nous permettre une certaine liberté de ton que le directeur de l'administration pénitentiaire comprend. Nous restons fonctionnaires et sommes soumis au devoir de réserve. En nous exprimant dans ce cadre associatif, nous faisons le choix de dire ce que nous pensons. Je suis fier d'être directeur et d'appartenir à cette administration, et je souhaite l'accompagner dans sa réflexion sur ces différentes thématiques.
L'échec que j'ai mentionné faisait référence aux tentatives de création d'une peine de probation autonome, et non aux parcours de réinsertion. Il est impossible de parler d'échec, même si nous savons que l'accompagnement des publics placés sous main de justice n'est jamais linéaire, et que tout ne se passe pas toujours aussi bien que nous le voudrions, la récidive pouvant même faire partie du parcours. Malheureusement, tous les condamnés ne sortent pas aussi vite de la délinquance que nous le souhaiterions. Les besoins des personnes que nous accompagnons ne sont pas les mêmes. Les programmes que nous mettons en place, nos manières de les accompagner, diffèrent. Notre mode d'action consiste à prendre le temps d'évaluer les besoins des publics, les risques qu'ils représentent, avant de nous engager dans une modalité d'intervention qui peut être diversifiée, entre programmes de prévention de la récidive – PPR –, groupes de parole, travail individuel, etc.
Nous travaillons depuis longtemps au sein de l'administration pénitentiaire et avons vu naître les SPIP. Notre expérience du passé nous permet d'adopter une vision qui se veut très différente d'une posture syndicale. Le directeur de l'administration pénitentiaire, après s'être interrogé sur notre démarche, a bien compris notre envie de participer à la réflexion du moment. Les États généraux de la justice, ainsi que votre commission d'enquête, nous ont conduits à accélérer notre réflexion. Nous sommes portés par l'envie d'apporter des propositions et des perspectives, et de parler de ce que nous vivons au quotidien.