Intervention de Marine Le Pen

Réunion du mercredi 6 novembre 2019 à 15h05
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant conduit aux attaques commises à la préfecture de police de paris le jeudi 3 octobre

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarine Le Pen :

Monsieur le préfet, vous avez commencé par dire que l'IGPN ne semblait pas avoir de rôle ou de mission dans la détection d'agents possiblement radicalisés. Je ne parle pas de prévention, car l'objectif est à mon sens plutôt de faire de la détection pour éviter que surviennent des drames comme celui qui est arrivé le 3 octobre.

Je vais dire ce que, moi, j'ai compris des différentes auditions auxquelles nous avons assisté et que vous avez en réalité confirmé par vos propos.

Vous nous dites que la préfecture est une grande famille, ce qui justifie l'absence de rigueur à laquelle nous assistons. Il n'existe pas de procédure particulière. Vous l'avez dit vous-même : il n'y a pas de référent radicalisation. Et d'ailleurs, cela ne fonctionnerait pas. Car l'on comprend que personne n'irait dénoncer son collègue dans un pareil cas.

C'est exactement ce qu'il s'est passé. Des collègues de Mickaël Harpon ont fait une démarche et il a été décidé de gérer cela en interne.

La question qui se pose est la suivante : ne pensez-vous pas que ceci est grave et que, dans la situation de risque terroriste majeur qui est celle de notre pays depuis un certain nombre d'années, une structure spécifique, précise, déterminée devrait être chargée des vérifications en cas de doute sur la radicalisation d'un agent ?

C'est la première question. Pour l'instant, il n'y a rien ni personne, manifestement. On s'en parle dans le couloir, devant la machine à café, et on se dit que l'on va régler cela en interne parce que l'on est une grande famille.

Je pense que ce n'est pas au niveau de la sécurité que nous attendons au cœur du renseignement, au sein de la préfecture de police.

Deuxièmement, vous insistez beaucoup sur la nécessité de faire de la formation. Si j'ai bien compris, mais peut-être me suis-je trompée, il s'agit de faire de la formation pour permettre de détecter des personnes radicalisées.

J'aimerais savoir, puisque vous en avez beaucoup parlé, ce qu'est la radicalisation pour vous.

Quels sont les signes qui doivent attirer l'attention et entraîner potentiellement une déclaration auprès d'une structure donnée, quelle qu'elle soit, l'IGPN ou une autre, lorsqu'un doute se présente ?

Qu'est-ce que la radicalisation ? Est-ce aller dans une mosquée salafiste ? Fréquenter des Frères musulmans ? Est-ce tenir certains propos, sachant que ceux en cause dans le cas d'espèce, faisant clairement l'apologie du terrorisme, n'étaient manifestement pas suffisants pour déclencher une alerte ?

J'aimerais que vous nous répondiez. Car je pense que notre commission a, entre autres, deux missions importantes à remplir. La première est de savoir si une structure extérieure est nécessaire pour éviter l'espèce d'omerta qui s'est enclenchée dans ce cas précis. Excusez-moi d'employer ce terme, qui n'est pas très agréable, mais c'est un peu ce qui s'est produit – une sorte de loi du silence, qui peut être liée à l'amitié entre les gens ou à cette idée de grande famille dont vous avez parlé.

La deuxième mission est de savoir si des critères précis sont nécessaires pour déterminer ce qu'est une personne radicalisée. Et s'il faut des critères précis, il faut déterminer lesquels.

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