Quand Mme Le Pen a parlé de failles au pluriel, vous avez répondu faille, au singulier. Je crois pour ma part qu'il y a plusieurs failles. Mickaël Harpon fréquentait une mosquée salafiste dans le Val-d'Oise, sans que cela ne remonte à la DRPP. Il a dit, après les attentats contre Charlie Hebdo, « c'est bien fait ! », et il a continué à être en charge d'éléments sensibles à la préfecture de police dans la cellule anti radicalisation. Lorsqu'on a auditionné Mme Bilancini, elle-même a parlé de manque de professionnalisme et nous avons donc eu l'impression, je ne vous le cache pas et je ne suis pas le seul, d'un certain amateurisme. On n'accuse personne en particulier, mais c'est l'impression que l'on a. Quand le directeur parle de « professionnaliser », c'est que manifestement ce n'était pas le cas. Tous ces éléments les uns à côté des autres nous font penser qu'il n'y a pas une faille, comme vous l'avez dit, mais plusieurs failles ou même crevasses.
J'en viens à des questions plus précises : vous avez parlé d'éléments suffisants pour parler de radicalisation. Quels sont selon vous ces éléments suffisants ? Et ne pensez-vous pas que cela doit être, je ne dis pas « doctrinisé », mais établi de façon claire ? C'est vrai que c'est compliqué. Peut-être que des fonctionnaires de police d'origine musulmane se disent très inquiets, et peut-être parfois à juste titre, de la stigmatisation. Je crois qu'il est très important d'avoir des éléments précis. D'autre part, ne pensez-vous pas que les signalements doivent être précis, mais pourraient être anonymes ? Pour en avoir parlé avec des fonctionnaires de police, certains disent « on a peur de passer pour des balances ». Dernier point : vous avez dit « on a désarmé certains fonctionnaires de police ». Je n'ai pas besoin de rappeler qu'en l'occurrence, le fonctionnaire Harpon a tué avec un couteau : je ne suis donc pas persuadé que le fait de désarmer soit suffisant, et je vous pose la question.
La dernière question qui m'obsède et continue à m'obséder malgré les réponses que j'ai eues, c'est le temps entre le début et la fin de ce qui s'est passé à la préfecture de police. On a parlé de sept minutes, puis finalement le préfet m'a dit « c'est quatre minutes pas sept ». Qu'en pensez-vous ? Ne pensez-vous pas que si c'est sept minutes, c'est très long ? Et comment améliorer les procédures en cas d'attentats ?