. Je ne l'ai jamais pensé et je ne le pense toujours pas. Dans une agglomération parisienne comptant 7 à 8 millions d'habitants, dont certains territoires connaissent une situation très difficile nécessitant une reconquête républicaine, zone qui comporte les grands aéroports, principales portes d'entrée du pays, qui accueille toutes les grandes institutions nationales, internationales et diplomatiques, le modèle de la préfecture de police, quand il fonctionne bien – et c'est le rôle des préfets et des ministres d'y veiller – me semble efficace en matière de lutte contre la radicalisation et de renseignement, dès lors qu'il est bien articulé avec les directions centrales.
La population avec laquelle nous travaillons présente aujourd'hui des risques de radicalisation, pour reprendre le terme employé depuis le début de l'audition, sous des formes très diverses mais à des fréquences élevées. Des signaux faibles ne peuvent donc être recensés que par le système territorial des commissariats et identifiés dans les territoires au moyen d'une relation de proximité qui est celle de la police de sécurité publique et du renseignement territorial. Elle voit un certain nombre de choses, identifie ce qui se passe. C'est le cas si les systèmes d'une entité comme la préfecture de police sont bien reliés entre les directions opérationnelles, le judiciaire et le renseignement, bien articulés autour de chacune des directions centrales correspondantes, d'où l'esprit de la lettre de mission pour Mme Bilancini. Avec les quatre départements de la grande couronne qui ne sont pas dans la police d'agglomération, il n'y a pas de frontière étanche. C'est l'occasion de revenir sur la question du Val-d'Oise où l'information doit remonter du renseignement territorial, placé dans le département sous l'autorité de son préfet, au service central du renseignement territorial. Si l'information relève de l'autorité judiciaire ou si un renseignement le justifie, le service central le signale à la DGSI et, si la préfecture de police est concernée, alerte le préfet de police.
Le schéma de la grande couronne et de son articulation avec Paris et la petite couronne est un peu compliqué, mais cela n'est pas propre à l'agglomération parisienne, cela concerne l'ensemble de la France. On ne peut pas tout faire au niveau central. Des risques relèvent du « haut du spectre », d'autres du spectre normal, dont la détection doit être assurée à partir des territoires. En ce sens, s'agissant des objectifs d'une lettre de mission, les outils de détection et les habilitations judiciaires sont différenciés. Il est légitime que cette répartition soit bien structurée, dans la mesure où elle ne porte pas sur quelques dossiers mais sur un nombre très élevé de dossiers, compte tenu de l'accroissement du nombre de personnes figurant dans un fichier.
Ce modèle est toujours perfectible. Il ne doit pas se refermer sur un entre-soi. Je partage entièrement l'analyse selon laquelle il doit être ouvert à la mobilité des cadres entre les centrales et avec la préfecture de police. Le système doit être entièrement relié aux administrations centrales. Il doit être placé sous la seule autorité judiciaire ou administrative contrôlée par les deux ministres, mais il doit pleinement fonctionner de manière transversale dans un système géré sous la responsabilité de chacun des directeurs opérationnels et être coordonné par le préfet de police et son cabinet.