. Je vous répondrai très précisément, en dépit de l'inconvénient de ne pas disposer des documents qui me permettraient, dans un souci de transparence envers votre commission, de citer des chiffres plus précis.
Tout dépend de ce qu'on appelle « signalement ». Pendant que j'étais en fonction, une dizaine de signalements avérés ont été relevés, qui ont donné lieu à des suites. Les trente ou quarante depuis le 5 octobre que vous évoquez ont-ils tous fait l'objet d'une décision ou d'une sanction et d'une remontée au niveau du préfet de police lui-même ? Je l'ignore. Quant aux remontées d'information au niveau des hiérarchies, elles ont été bien supérieures à dix. Je n'ai pas les documents. J'ai demandé à mon directeur de cabinet s'il en avait conservé. Il a retrouvé une note du 9 décembre 2015 relative au recensement des comportements de transgression du principe de laïcité par les effectifs de la direction de la sécurité de proximité de l'agglomération parisienne (DSPAP), qui en liste une quarantaine qui ont tous fait l'objet d'un examen. Ce n'est pas parce que quelqu'un demande à ses collègues d'être prénommé Adam que l'on peut considérer qu'il présente un risque de radicalisation et de dangerosité justifiant son licenciement ou le retrait de l'autorisation de port d'arme. Des personnes changent de prénom, certains comportements évoluent et appellent à la vigilance. Ce travail fin est conduit dans chaque service. Je pourrais citer des dizaines d'exemples, parce que notre société est ainsi faite : les gens changent, se laissent pousser la barbe, s'habillent autrement. L'important est d'assurer une vigilance de proximité afin que chaque cas qui le justifie soit signalé, ce qui, évidemment, aurait dû être fait au niveau de la section, de l'équipe, au vu de l'évolution psychologique sans doute compliquée de Mickaël Harpon, qui était tout de même là depuis quinze ou vingt ans.