Intervention de René Bailly

Réunion du mercredi 20 novembre 2019 à 17h20
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant conduit aux attaques commises à la préfecture de police de paris le jeudi 3 octobre

René Bailly, ancien directeur du renseignement de la préfecture de police :

M. Pascal P., que j'identifie maintenant comme le chef de l'unité informatique, a pour le moins manqué de bon sens et de discernement. Il n'a pas voulu en parler pour ne pas nuire à ce collègue. Il a neutralisé l'information. Je ne peux pas expliquer qu'il ne se soit pas soumis à l'obligation morale qu'il avait de l'exprimer. Ce qui m'étonne, c'est qu'apparemment, plusieurs autres fonctionnaires ont détecté des éléments et n'en ont pas parlé, alors que leur hiérarchie est à leur écoute.

Lorsque je rencontrais le commandant P., nous avions un dialogue constructif sur les thématiques de son service, et il ne me semblait pas handicapé au point de ne pas pouvoir exprimer des choses qui le préoccupaient. Je crois qu'il a voulu protéger ce fonctionnaire, ou qu'il a manqué de discernement parce qu'il n'a pas cru à la menace que Mickaël Harpon représentait, ou peut-être, ne l'a pas appréciée comme il convenait de le faire.

Mme Bilancini le confirme et vous venez de le rappeler : à aucun moment ces signalements n'ont été communiqués à une hiérarchie intermédiaire. Et pourtant, il ne manquait pas de commissaires ; même si, après la réforme des corps et carrières, leur nombre a été fortement réduit en comparaison des effectifs d'un autre grand service du renseignement, situé à Levallois-Perret. Les commissaires étaient là, à l'écoute, particulièrement mobilisés sur ces questions puisque nous ne parlions que de la menace terroriste, depuis des années. Même les fonctionnaires du renseignement territorial étaient impliqués dans le dispositif et effectuaient des signalements auprès de leurs collègues de la sécurité intérieure lorsque leurs sources leur donnaient des informations ; le métier du renseignement, c'est aussi de traiter les sources, d'aller chercher le renseignement.

Tout ce dispositif fonctionnait bien, mais un seul homme peut l'annihiler ; c'est le constat que je fais malheureusement aujourd'hui. M. le préfet Cadot l'a rappelé tout à l'heure : quelle que soit la qualité d'un dispositif, un seul élément peut ne pas jouer son rôle, et cela semble avoir été le cas. Je ne vois pas comment on peut procéder autrement, si ce n'est de rappeler les consignes, de faire signer des engagements aux fonctionnaires. Pour autant, la personne aurait-elle fait remonter l'information ? Je ne le crois pas.

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