Intervention de Meyer Habib

Réunion du mercredi 20 novembre 2019 à 17h20
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant conduit aux attaques commises à la préfecture de police de paris le jeudi 3 octobre

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMeyer Habib :

Je ne suis pas un spécialiste du renseignement, mais j'ai participé, en tant que membre ou vice-président, à plusieurs commissions d'enquête, qui m'ont d'ailleurs donné l'occasion de vous auditionner. Et j'ai l'impression que notre échec vient de la multiplicité de nos services de renseignement, qu'il faudrait totalement refondre. Je le dis avec d'autant moins de retenue que nous sommes ici à huis clos. Cela me permet également de suggérer que nous nous inspirions d'un pays expert en la matière, Israël. La sécurité intérieure, le renseignement militaire et le renseignement extérieur y sont confiés respectivement au Shabak, également appelé Shin Beth, à l'Aman et au Mossad, mais c'est le Shabak qui chapeaute l'ensemble. J'ai d'ailleurs auditionné pendant près de deux heures son ancien directeur, Yoram Cohen, avec Éric Ciotti et Guillaume Larrivé.

À vous écouter, on a le sentiment ici que chacun se bat pour défendre son pré carré. Vous nous avez expliqué tout à l'heure que vous transmettiez toutes vos informations, que vous aviez créé un poste d'officier de liaison, mais la circulation se faisait-elle dans l'autre sens ? Comment un service de renseignement peut-il fonctionner si, passé le périphérique de Paris, il n'est plus compétent ? Vous avez affirmé tout à l'heure que la transmission de l'information par les fonctionnaires relevait d'une obligation morale, mais ce qu'il faudrait, c'est une obligation réglementaire stricte, assortie de sanctions.

Je trouve cette audition très instructive, et avec tout le respect que j'ai pour Mme Bilancini, je salue votre professionnalisme et votre connaissance parfaite des services que vous avez dirigés, M. Bailly. Vous avez simplement été contraint d'exécuter les ordres qui vous ont été donnés avec les moyens qui vous étaient alloués. Vous êtes aujourd'hui un peu plus libre de vos propos car, si j'ai bien compris, vous êtes désormais à la retraite, mais notre devoir étant de faire en sorte qu'un tel drame ne se reproduise pas, je ne vois pas comment nous pourrons faire l'économie d'un changement complet dans l'organisation des services de renseignement, et je pense que le président Ciotti et mon collègue Jean-Michel Fauvergue ne me contrediront pas sur ce point ; nous en discuterons sans doute entre nous lors de la formulation des recommandations.

Vous m'avez sans doute entendu employer tout à l'heure le terme d'amateurisme : lors de son audition à huis clos, votre successeure a parlé d'esprit de famille, des amis que chacun invitait à rejoindre son service, ce qui nous a donné le sentiment que sous son autorité, il semblait y avoir un certain amateurisme, bien loin de l'effort de professionnalisation qu'elle était censée engager. C'est une importante source d'inquiétude, car l'organisation du renseignement, c'est la base de tout. Tout récemment, les services sont parvenus à déjouer un attentat d'envergure qui devait avoir lieu à Villepinte, grâce à des informations recueillies auprès de services étrangers. C'est bien la preuve que tout doit être centralisé. La DRPP ne peut pas continuer à faire ainsi cavalier seul !

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