Intervention de René Bailly

Réunion du mercredi 20 novembre 2019 à 17h20
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant conduit aux attaques commises à la préfecture de police de paris le jeudi 3 octobre

René Bailly, ancien directeur du renseignement de la préfecture de police :

Plus que cela : des réunions ont eu lieu. Le préfet Cadot a mentionné, lors de son audition, la RATP et la SNCF, mais je peux vous dire qu'il y en a eu bien d'autres. Nous avions établi à la demande des responsables de ces structures des grilles d'évaluation des signes de radicalisation. Pouvaient être considérés suspects, par exemple, un homme qui portait la barbe en pointe, un homme qui rentrait le bas de son pantalon dans ses chaussettes, un homme qui ne serrait plus la main de ses collègues femmes, un chauffeur de bus qui refusait de faire monter une femme voilée se rendant au travail. Cette grille était connue au sein de l'ensemble de la direction, y compris à la sous-direction du renseignement territorial.

Il me revient en mémoire à l'instant que Bernard Charbonnier, le sous-directeur des ressources de l'époque, qui était donc en charge de l'unité informatique, avait passé les trois quarts de sa carrière à la lutte antiterroriste à la DCRG. Il n'avait donc pas besoin d'être sensibilisé à ce phénomène. L'unité informatique était elle-même sensibilisée, puisqu'elle intervenait dans les bureaux de la sécurité intérieure, où on ne parlait que de lutte antiterroriste. Et, dans 90 % des cas traités au sein de la DRPP, cette mission concernait l'islam radical. Le renseignement territorial y était associé, et nous avions incité nos collègues de l'immigration clandestine à nous indiquer ceux qui pouvaient constituer des « clients potentiels ». Sachant cela, vous comprendrez que ce qui s'est produit puisse me paraître étonnant. Je n'ai d'ailleurs pas de terme idoine pour qualifier ce comportement peu digne d'un policier ; c'est désolant, calamiteux.

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