Si, je l'ai d'ailleurs noté au moment où vous l'avez dit. Vous semblez partir du principe que les signalements effectués tombent dans un excès inverse. Cela est assez révélateur de l'état d'esprit d'un certain nombre de personnes que nous avons entendues. On s'étonne alors moins que des informations, pourtant essentielles, ne soient pas remontées ; peut-être les agents craignaient-ils d'être accusés d'en faire trop, d'être injustes en signalant des collègues uniquement parce qu'ils se sont convertis. Pour éviter cela, il faut une confiance forte dans les procédures mises en œuvre.
Considérez-vous que la conversion d'un membre d'un service de renseignement doit obligatoirement faire l'objet d'une procédure et d'une enquête, afin de savoir quelles sont les conditions d'exercice de sa foi – et accessoirement de vérifier que l'exercice de sa foi ne se fait pas auprès d'imams fichés S ? Pensez-vous qu'à chaque cas de conversion d'un agent d'un service de renseignement, il soit nécessaire de mener une enquête pour vérifier que celui-ci ne subit pas des influences qui l'amèneraient à tomber dans une forme de radicalisation ?
Par ailleurs, vous n'avez eu de cesse de nous dire, ce qui était du reste assez contradictoire, que l'imam fréquenté par Mickaël Harpon faisait l'objet d'un suivi. En quoi consiste exactement ce suivi ? En effet, dans le même temps vous nous indiquez que les quinze personnes assistant à ses prêches n'ont pas fait l'objet d'une vérification et que leur identité n'était pas nécessairement connue. Compte tenu du profil de l'imam, on peut s'étonner que quinze personnes assistant à l'office matin et soir, tous les jours sauf le vendredi, ne soient pas identifiées. En quoi consiste le suivi d'un imam si ce n'est à identifier les personnes assistant à son prêche deux fois par jour, cinq jours par semaine ?