Madame la députée, vous avez parlé de « signaux faibles » : j'insiste pour ma part sur le mot « faibles ». Il est important qu'il y ait plusieurs signaux, car il est difficile de tirer des conclusions d'un seul acte ou d'un seul fait. En revanche, quand plusieurs petites lampes se mettent à clignoter, même faiblement, on a un ensemble de signaux faibles qui sont l'indice d'une radicalisation. Il existe aussi toute une série de dérives auxquelles, effectivement, il faut être sensible. Mais, pour cela, encore faut-il être formé à la détection. La première piste d'amélioration que je vois réside donc à la fois dans une définition de ce que sont les signaux faibles et dans la formation à les reconnaître – voire à les chercher, quand on est dans un service de renseignement –, faute de quoi on se retrouve avec des éléments qu'il est facile de caricaturer. Par exemple, on vous dit que M. Untel s'est brusquement laissé pousser la barbe et que cela constitue un signe de radicalisation, alors qu'il y a barbe et barbe. Il en va de même pour la conversion : même si, bien sûr, tout le monde ne se convertit pas à l'islam, la conversion n'est pas, en soi, un signe de radicalisation.