Intervention de Nicolas Lerner

Réunion du mercredi 11 décembre 2019 à 15h30
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant conduit aux attaques commises à la préfecture de police de paris le jeudi 3 octobre

Nicolas Lerner, directeur général de la sécurité intérieure :

Absolument, lequel en compte 800.

Ce suivi a été significativement renforcé ces dernières années grâce à des procédures de recrutement, d'habilitation et de suivi. Le nouveau cadre législatif permet également de tirer les conséquences de l'évolution d'un agent exerçant une profession à risque ou une fonction de souveraineté.

En outre, je ne crois pas violer le secret de l'instruction ou de la défense nationale en partageant certains éléments concernant le parcours de Mickaël Harpon – ils ont d'ailleurs été repris par le procureur national antiterroriste. Au moins depuis 2015, différents signaux plus ou moins faibles ont été perçus par l'environnement professionnel immédiat de Mickaël Harpon. La procédure judiciaire, les rapports d'inspection fourniront des éléments d'explication pour comprendre pourquoi ceux-ci n'ont pas donné lieu à un signalement formel. J'ai une idée de ces éléments et je crois que deux, parmi eux, sont essentiels.

Tout d'abord, comme les rapports de l'inspection des services de renseignement le précisent, les signaux émis par Mickaël Harpon étaient en fait assez contradictoires. On retient l'évolution de son comportement à l'endroit des femmes, mais elle n'était pas systématique. On retient également un certain nombre de propos, en particulier après les attentats de 2015, qui auraient suffi à entraîner un signalement mais, à ce stade, le rapport montre qu'il condamnait aussi les attentats assez fermement. Je retiens, enfin, la volonté de son proche environnement professionnel de tenir compte de ses nombreuses vulnérabilités et de faire en sorte que ces différents signaux soient traités dans un cadre interne.

Au final, suite à ce drame funeste, j'ai une conviction personnelle forte : face à ce type de signaux ou à un seul d'entre eux, rien n'est pire que de ne rien faire. Je suis convaincu que ce n'est pas à l'entourage proche, aux collègues de travail, d'apprécier s'ils sont ou non susceptibles de caractériser une menace : c'est le travail des services spécialisés. En conséquence, nous devons en permanence accroître notre niveau de vigilance et faire en sorte que le moindre signal, notamment au sein d'un service de renseignement ou, de manière plus générale, dans un service dépositaire de la souveraineté, soit rapporté ce qui implique, comme nous l'avons fait en interne, à la DGSI, de réfléchir aux modalités de son expression. Le signalement doit être nécessairement discret car il est compréhensible qu'un collègue de travail n'ait pas envie d'en signaler un autre. De plus, le signalement ne doit pas porter préjudice à celui qui l'effectue.

Nous devons donc travailler discrètement. C'est notamment la mission de l'inspection générale de la sécurité intérieure de la DGSI – nous pourrons évoquer les signalements que nous avions reçus avant l'affaire Harpon, ceux que nous avons reçus depuis – qui doit développer une méthode de travail discrète, sans appeler l'attention des collègues ni du principal intéressé.

Enfin, une certaine maturité de nos structures impose qu'au terme d'une enquête sérieuse menée par un service de renseignement interne et alors qu'aucune menace particulière n'a été mise en évidence, nous soyons capables de considérer que le doute est levé et d'en tirer tous les enseignements en poursuivant une relation de travail normale avec l'individu qui a fait l'objet de ces signalements.

Nous avons encore des progrès à réaliser dans ces différents champs, des procédures doivent peut-être être encore revues mais je suis bien sûr à votre disposition pour préciser tel ou tel point.

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