Je partage très largement votre analyse et certains chiffres que vous avez rappelés, notamment s'agissant des fréristes et des salafistes, qui sont environ 100 000. Ce sont les ordres de grandeur dont nous disposons.
L'enjeu, au contraire, consiste peut-être à resserrer le spectre et à concentrer nos capteurs sur ceux qui, parmi ces 100 000 individus, sont susceptibles de passer à l'acte. Fort heureusement, même s'ils peuvent avoir une pratique rigoriste de nature à heurter à certains égards, tous ne sont pas susceptibles de le faire. L'enjeu des services de renseignements intérieurs est d'arriver à concentrer leur attention, parmi ces 100 000 individus et, ensuite, parmi les presque 10 000 inscrits au FSPRT, sur ceux dont on pense qu'ils risquent de passer à l'acte. Pour ce faire, nous conduisons depuis dix-huit mois, en lien avec les services partenaires, un travail sur les déterminants du passage à l'acte. Ce n'est pas simple, certains pays étrangers s'y sont essayés avant nous sans nécessairement trouver les bonnes clés. Ce travail a pour but d'aider les enquêteurs et les services à identifier les facteurs d'ordre psychologique liés au passé, au comportement ou au relationnel, susceptibles de déterminer les critères du passage à l'acte.
Face à une masse déjà très importante d'individus inscrits au FSPRT – 9 000 –, l'enjeu est d'arriver à nous concentrer sur ceux qui sont les plus susceptibles de passer à l'acte.