Le ministre et moi-même souhaitant que l'élaboration de ce document découle d'une large concertation, nous consultons beaucoup : des associations, des acteurs de terrain, des élus, des policiers, des gendarmes et un panel de citoyens. Les axes de réflexion sont très importants, puisqu'il s'agit notamment de penser l'organisation des services de la police nationale et de la gendarmerie pour améliorer encore l'articulation de leurs missions. La mise en garde que je viens de faire au sujet d'une éventuelle intégration de la DRPP au sein de la DGSI traduit ma manière personnelle d'envisager les choses, en fonction de mon expérience propre, mais la réflexion qui conduira au livre blanc se poursuit et peut-être d'autres opinions s'exprimeront-elles. Je crois cependant que cet avis est majoritairement celui des patrons des services de renseignement ; ils ont beaucoup à faire pour suivre les objectifs radicalisés et protéger nos concitoyens, et souhaitent qu'on les laisse travailler ensemble et que l'on cesse de faire des réformes de structure.
Le livre blanc traitera aussi du continuum de sécurité. Les maires souhaitent plus de pouvoirs en matière de sécurité. Le ministre réfléchit aux demandes formulées et nous sommes séduits par la position exprimée par certaines grandes associations d'élus, selon laquelle les forces de sécurité devraient se concentrer sur leur mission essentielle tandis que tout ce qui touche à d'autres thémes – salubrité, tranquillité…– devrait relever des polices municipales. Le livre blanc sera publié après les élections municipales, probablement au mois d'avril.
L'action de la police et de la gendarmerie n'est évidemment pas suspendue à cette parution. S'il fallait le démontrer, je citerais l'action résolue que nous menons dans la lutte contre les violences sexuelles et contre les violences conjugales – la facilitation de la liberté de parole pour les dépôts de plainte que nous avons permise explique d'ailleurs pour partie l'augmentation des violences signalées dans le pays. Nous avons aussi lancé le plan national de lutte contre les stupéfiants, qui oblige tous les services de gendarmerie et de police à travailler ensemble au démantèlement des réseaux – et l'on démantèle chaque année en France dix à quinze réseaux de plus que l'année précédente. Que le livre blanc soit encore à l'étude, comme il est normal car nous le voulons consensuel, n'empêche pas les services de police et de gendarmerie, le ministre de l'Intérieur et moi-même de mener une politique résolue de protection de la sécurité de nos concitoyens.