Intervention de Christophe Castaner

Réunion du jeudi 5 mars 2020 à 11h00
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant conduit aux attaques commises à la préfecture de police de paris le jeudi 3 octobre

Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur :

Je reprends totalement votre niveau d'exigence. Mais je ne peux pas laisser prospérer une interprétation qui a été faite de deux affaires, dans lesquelles il n'est pas établi qu'il y ait eu des dysfonctionnements. Je reprends ici tout ce qui a été dit à l'époque par des personnalités comme Bernard Cazeneuve, René Bailly ou Patrick Calvar, qui exerçaient leurs fonctions sur l'ensemble de la chaîne. Je ne veux pas que l'on laisse penser qu'il serait établi que des dysfonctionnements avaient eu lieu.

Des articles de presse ont été publiés, des positions politiques ont été prises. Mais cela n'établit pas une vérité. Je tiens d'ailleurs à votre disposition le rappel de ces éléments.

La surveillance de Saïd Kouachi avait été interrompue en juin 2014 parce qu'il avait été établi, dans l'analyse menée par les services, qu'il ne vivait plus en région parisienne mais s'était installé à Reims. Mais, alors qu'il a été dit dans d'autres cercles que ce n'avait pas été le cas, la DGSI avait bien été informée de ce déplacement – cela est confirmé d'ailleurs par René Bailly, DRPP à l'époque, et par Patrick Calvar, alors directeur général de la sécurité intérieure, ainsi que dans un rapport de l'ISR à ce sujet.

J'ai lu aussi beaucoup de choses à l'époque – j'étais député – sur l'attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray. On a fait dire à une note de la DRPP que l'on savait qu'un passage à l'acte était attendu. La réalité est très différente. Cette note ne comportait aucun caractère d'urgence, s'inscrivait dans le travail quotidien délivré par le service et ne visait spécialement ni la date ni le lieu de l'attentat, ni même la commune où il a été commis. Oui, un risque avait été évoqué, mais sans précision. Si une précision avait été donnée, des alertes auraient été déclenchées.

Je sais aussi qu'un troisième fait est reproché concernant la communication entre les différents services, lié au relâchement de la surveillance de Samy Amimour – sur lequel il y a une part de doute.

On en a parlé. Ce n'est pas forcément établi. Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu de dysfonctionnements. Mais nous avons tenté d'y répondre. Et j'ai le sentiment que la communication fonctionne mieux avec la DGSI comme chef de file et avec la création de l'EMAP en janvier 2019. Toutes les semaines, tous les dossiers – y compris ceux portant sur des signes de radicalisation concernant des fonctionnaires et pas seulement des policiers – remontent à l'EMAP et sont traités dans ce cadre.

Le système est-il parfait ? Non. Mais son niveau a été considérablement relevé, et je vous invite à prendre cela en compte.

Ce n'est pas un reproche que je vous fais, mais il est toujours tellement plus facile d'évaluer une situation a posteriori. Ce qui compte, c'est d'appréhender l'amont et de faire en sorte que l'on puisse améliorer les standards.

Je ne veux pas revenir sur ces trois affaires, mais cela a été trois mauvais procès, qui partaient certes de situations qui auraient pu être meilleures. Cela n'enlève donc rien à la nécessité d'élever les standards que vous avez évoquée, monsieur le président.

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