Nous avons auditionné ces derniers mois des dizaines de décideurs et d'acteurs de nos services de sécurité.
La plus grande partie de ces auditions a été menée à huis clos, ce qui a offert un climat de sérénité et de confiance à nos travaux. Je souhaite d'ailleurs féliciter une nouvelle fois le président et le rapporteur pour leur qualité.
Vous l'avez senti, une certaine unanimité s'est exprimée, ce qui est rare. C'est la quatrième commission d'enquête sur un sujet de sécurité à laquelle je participe en tant que vice-président ou membre du bureau. Et j'ai senti cette fois-ci une certaine unanimité.
Nous sommes donc à l'heure de la conclusion.
Des failles, il y en a eu – vous l'avez dit – à tous les niveaux hiérarchiques. Vous n'étiez pas vous-même en fonction au moment où tout cela est arrivé. Nous dépersonnaliserons donc totalement ces questions.
Nous avons même eu parfois, je ne vous le cache pas, un sentiment d'amateurisme – que nous n'avons pas senti du tout lorsque nous avons auditionné la gendarmerie. Il s'agit, il est vrai, d'une structure plus importante. Et il est difficile d'entrer dans tous les détails. Mais oui, nous avons senti parfois, lors de certaines auditions, au-delà des failles, un certain niveau d'amateurisme.
Personne ne peut comprendre à ce jour qu'un attentat ait pu être commis au cœur de nos services par un individu radicalisé. Et par quelqu'un qui s'était, cela a été rappelé, publiquement réjoui de l'attentat commis contre Charlie Hebdo ! Ce dernier point est entièrement avéré. Nous le savons, car les auditions ont été menées à huis clos. Lui et ses collègues en ont parlé entre eux, il a présenté ses excuses, etc. Il n'y a aucun doute.
Le plus triste est que quatre familles sont endeuillées à cause de ces failles majeures, qui sont, le rapporteur l'a souligné, structurelles et non occasionnelles, et contre lesquelles nous n'avons pas de recette magique, chacun en est conscient.
Mon sentiment est que l'islam politique n'est pas compatible avec la République. Nous pourrions dire de même de l'ultra-droite ou de l'ultra-gauche, des black blocks ou de certaines mouvances d'extrême droite – une commission d'enquête a d'ailleurs travaillé sur ce dernier sujet – mais je voudrais me concentrer sur la question de l'islam politique.
Les Français attendent une République de combat. Les salafistes, les Frères musulmans, tous ceux qui rêvent d'un État islamique au-dessus de la République, entrent selon moi dans la catégorie de l'islam politique. Ils doivent quitter toutes les fonctions régaliennes. Et j'irai plus loin que les seuls services sensibles, pour couvrir également les métiers de la sécurité, de la défense et des transports. Un TGV lancé à 300 kilomètres à l'heure est une arme de destruction massive ! Un avion est une arme de destruction massive ! Nous l'avons vu, hélas, en 2001. Peut-on imaginer un salafiste dans une centrale nucléaire, capable de provoquer un nuage radioactif ?
Vous me direz, et vous aurez raison, que tous les salafistes, tous les membres de l'islam politique et, évidemment, tous les musulmans ne sont pas des terroristes. Mais je ne m'attaque pas aux musulmans, dont la majorité ne pose aucun problème, mais à l'islam politique.
On parle en permanence de radicalisation. Il existe un triptyque, dont j'ai parlé avec votre secrétaire d'État, qui rassemble islam politique, radicalisation et terrorisme.
Pourriez-vous m'expliquer la différence entre la radicalisation et l'islam politique ? Vous mentionnerez probablement le passage à la violence. Mais si l'on passe à la violence ou à l'idée de la violence, alors l'on est déjà dans le terrorisme, et c'est trop tard.
À mon sens, lorsque la vie des Français est en jeu, le principe de précaution doit primer. Il faut inverser les choses. Une grande partie de l'islam de France, tenue par les Frères musulmans, pose problème. La charia n'est pas compatible avec les lois de la République. Je l'ai dit. La burqa, la peine de mort, ne le sont pas davantage.
Dans toutes les synagogues de France, tous les samedis nous récitons la prière de la République.
Je l'ai dit tout récemment lors du premier colloque des imams d'Europe contre la radicalisation en présence de 70 imams : si chaque mosquée récitait la prière de la République, cela ferait peut-être avancer les choses. Je vais volontairement plus loin que le cadre de notre commission d'enquête, car j'essaie d'aller à la source de ce mal.
La question qui se pose aujourd'hui est simple : prendrez-vous toutes les mesures nécessaires pour éloigner les tenants de l'islam politique de toutes les fonctions sensibles ?
Une question se pose également concernant l'anonymat des signalements. Mme Bilancini nous a parlé de « grande famille », et de difficultés rencontrées dans la remontée des informations. La question de l'anonymat me paraît donc indispensable. Mais la question principale demeure à mon sens celle de l'islam politique.