Il faut donc trouver un point d'équilibre. En revanche, il faut l'évaluer en permanence, notamment en allant au-delà des missions d'évaluation et de suivi que nous menons, par exemple, dans le cadre de l'EMAP ou de l'IGPN sur certains sujets. Il faut soulever la question de l'ensemble du renseignement. C'est aussi pour cela que l'ISR exerce des responsabilités et travaille très régulièrement sur ce point.
Dès que l'on identifie une zone grise, il importe de trouver le bon outil méthodologique permettant de la traiter et d'éviter des pertes en ligne.
Vous m'avez posé une deuxième question très précise concernant la surveillance exercée par les services sur internet, notamment sur les réseaux sociaux. Je ne vais, hélas, pas pouvoir vous répondre. Mais il s'agit d'un vrai sujet.
Mon propos sera général, car je ne peux entrer dans les détails techniques, et il consistera à dire que, très souvent, nous nous focalisons sur Google, Apple, Facebook, Amazon – les GAFA – dont nous soulignons qu'ils doivent faire des efforts, par exemple pour le retrait de contenus terroristes en ligne.
Parce qu'ils sont physiquement incarnés, nous pouvons rencontrer leurs représentants. En revanche, le dark web n'est pas incarné. Or le vrai risque se présente plutôt sur le dark web et avec ses outils, très facilement accessibles à beaucoup . C'est pour nos services un niveau d'action plus compliqué.
Il faut aussi tenir compte de toutes les nouvelles technologies, susceptibles de dépasser les techniques connues. Un exemple simple : les messageries cryptées, qui sont utilisées sans doute par tous ceux qui sont dans cette salle – à commencer par le ministre de l'Intérieur – rendent plus compliqué le travail de nos services.
Il nous faut nous adapter à cela. Tel est le questionnement législatif que nous avons et que nous aurons à nouveau à propos des sujets de renseignement et de la mise à jour de la loi relative au renseignement, – qui sera prochainement discutée avec beaucoup d'entre vous.
Pour tenir un propos très politique, la vraie difficulté est que nous, nous respectons la loi, y compris dans l'usage des techniques. Les parlementaires veillent à ce que les principes de liberté fondamentale et de liberté individuelle soient garantis par tous, mais nos adversaires, quelle que soit leur forme, se fichent de respecter tout cela. Nous sommes donc dans un combat souvent assez inégalitaire, notamment pour l'utilisation du monde d'internet, qui permet d'agir et de conduire des politiques contre notre pays en se délocalisant pour échapper à la capacité d'interpellation de nos forces.