Intervention de Francelyne MARANO

Réunion du mercredi 30 septembre 2020 à 15h00
Commission d'enquête sur l'évaluation des politiques publiques de santé environnementale

Francelyne MARANO, vice-présidente de la commission spécialisée « risques liés à l'environnement » du Haut conseil de la santé publique :

Nous avons formulé cette demande d'étiquetage dans le cadre de la préparation du PNSE4. L'un des groupes de travail relatif aux risques émergents et physiques que je présidais préconisait cet affichage sur tous les produits, de façon plus large que pour les perturbateurs endocriniens. Il faut espérer que cette mesure puisse aboutir et qu'elle soit lisible et compréhensible par la population. Le décret nous paraissait insuffisant.

Si nous voulons avoir une bonne connaissance de l'impact des expositions sur la santé, il nous faut faire appel à l'expertise scientifique de spécialistes très différents, à savoir des expologues afin de mesurer les produits chimiques et les agents physiques et biologiques dans l'environnement, des toxicologues qui étudient les mécanismes d'action des polluants environnementaux sur la santé humaine, des écotoxicologues qui analysent les impacts environnementaux, en particulier sur les écosystèmes, des épidémiologistes qui étudient l'impact sur les populations. Il nous faut aussi une relation avec les médecins dans la recherche clinique et faire appel aux sciences humaines et sociales, c'est-à-dire des sociologues, voire des économistes. Cette approche de la connaissance en santé environnementale relève obligatoirement d'un travail pluridisciplinaire qui se pratique dans les programmes de recherche européens et nationaux.

La démarche multi-acteurs vaut aussi à l'égard des industriels, des travailleurs, de l'environnement de travail, lequel ne peut plus être séparé du milieu général comme par le passé, mais également des consommateurs, des riverains d'activité et des ONG environnementales qui ont joué un rôle majeur dans la prise de conscience par la population et sont des interlocuteurs essentiels pour nous.

L'approche est également pluri-institutionnelle avec le niveau européen pour les réglementations, mais également l'échelon national, régional et local. L'ensemble de ces aspects doit être pris en considération dans toute réflexion sur la gouvernance.

Des concepts ont émergé à partir de ces réflexions qui datent d'une vingtaine d'années. L'un d'eux consiste à faire entrer la santé, notamment environnementale, dans les politiques publiques, sans se contenter de la réglementation sur les produits chimiques et l'agriculture, mais aussi en ce qui concerne l'urbanisme. Suite à une saisine sur cette question, le Haut conseil de la santé publique a rendu son rapport voici deux ans.

L'autre aspect très important est le concept One Health, selon lequel la santé de l'environnement, à savoir la biodiversité et les écosystèmes, est absolument liée à la santé humaine. La crise du COVID-19 montre à quel point il est nécessaire de revoir un certain nombre d'éléments à ce sujet.

Le concept d'exposome a émergé de la réflexion sur ces expositions. Ce terme, qui a été conçu par Christopher Wild lorsqu'il était directeur général du centre international de recherche sur le cancer, signifie que nous sommes exposés, au cours de notre vie, à des environnements susceptibles d'être responsables d'effets à long terme. L'impact au cours de la vie fœtale a également été pris en compte dans cette réflexion sur la façon de considérer les maladies chroniques qui sont certainement associées à ces expositions.

L'ensemble de ces aspects doit être pris en compte pour concevoir des actions et des programmes visant à maîtriser les risques environnementaux avérés ou suspectés, ce qui est complexe. Toutefois, la réflexion arrive à un niveau de maturité qui devrait permettre d'avancer dans ce domaine.

Il convient de travailler en interministériel et de prendre en compte l'ensemble des parties prenantes. J'ai participé au Grenelle de l'Environnement, lequel a apporté des éléments supplémentaires à la réflexion. Les plans nationaux santé-environnement ont été élaborés sur ce modèle, ce qui n'est malheureusement pas toujours suivi d'effets, bien que des progrès aient été réalisés.

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